Sur le toit de la centrale solaire photovoltaïque d’Amritsar, en Inde, en 2016. / NARINDER NANU / AFP

Le saviez-vous ? « En quatre-vingt-dix minutes, un nombre suffisant de rayons du Soleil frappe la Terre pour la fournir en énergie pendant un an. » Ce chiffre, qui donne le vertige, donne aussi des ailes aux entrepreneurs qui cherchent à promouvoir une énergie verte. C’est le cas d’Ajay Singh, qui a commencé à s’intéresser à l’énergie solaire lors d’un séjour à Dubaï, où il dit « avoir été impressionné par l’implication active du gouvernement sur le sujet ». Dubaï projette en effet d’atteindre les 75 % d’énergie verte d’ici 2050 alors qu’elle en est pour le moment à moins de 7 %.

Ajay Singh, jeune entrepreneur installé à Gurgaon, dans la banlieue de New Delhi, est confiant dans le développement de sa jeune entreprise, Nimray Solar. Celle-ci compte d’ailleurs parmi les 400 start-up les plus prometteuses de « Smart Fifty », programme lancé par l’Institut indien de management de Calcutta et le département des sciences et des technologies du gouvernement indien. Ajay Singh se frotte les mains : « En Inde, le marché des panneaux solaires va augmenter de 90 % en un an. » Selon l’Agence internationale de l’énergie, le solaire ne représentait encore que 3,2 % de la production d’électricité totale du pays fin 2017.

Son idée : développer la technologie du net metering, la facturation nette, qui consiste à soustraire sa production d’énergie à sa consommation, lorsqu’on possède des panneaux photovoltaïques. Il s’agit ensuite de mettre en réseau plusieurs foyers – au moins dix – à l’échelle d’un quartier, en utilisant la technologie blockchain. Un foyer peut être soit producteur d’énergie, soit simple consommateur. Dans les deux cas, les équipes de Nimray Solar accompagnent les ménages en diagnostiquant leur consommation. Pour l’heure, une version pilote du projet est à l’essai à Gurgaon, avant le lancement de la commercialisation.

Plus de panne de courant

Mais avant même la promotion d’une énergie verte, la promesse de ne plus subir de coupure de courant est l’argument numéro un de Nimray Solar : « Hors des dix plus grandes villes, il arrive très fréquemment de subir des coupures de courant de quatre, cinq, voire huit heures ! Le gouvernement ne sait toujours pas comment faire pour fournir de l’électricité à tous ses habitants », déplore Ajay Singh. Le réseau est en effet peu fiable dans certaines régions d’Inde et 400 millions de personnes n’y ont pas accès. Nimray Solar espère ainsi fournir ces foyers en énergie solaire avant que les opérateurs traditionnels ne s’en emparent.

Deuxième argument d’Ajay Singh pour intéresser ses concitoyens à l’énergie solaire : « Gagner de l’argent. » Il va de soi qu’il s’agit ici d’un élément de communication. En réalité, aucun centime n’entrera dans la poche de celles et ceux qui passeront aux panneaux solaires. Ajay Singh estime en revanche qu’au bout de trois ans, les utilisateurs rentreront dans leurs frais et n’auront plus à payer de facture d’électricité. Une fois installé, le système serait viable pendant vingt-cinq ans.

Le gouvernement indien s’est engagé à participer à 30 % du coût d’installation, et les banques ont reçu pour consigne de faciliter les prêts aux Indiens désireux de passer à l’énergie solaire.

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