Le maire de Rio, Marcelo Crivella, le 17 mars. / MAURO PIMENTEL / AFP

Péché véniel ou crime d’improbité ? La justice brésilienne enquête. Lundi 9 juillet, des membres du Parti socialisme et liberté (PSOL, gauche) de Rio de Janeiro ont déposé auprès du ministère public une plainte contre le maire évangélique de la ville, Marcelo Crivella, assortie d’une demande d’« impeachment » (destitution).

L’austère édile, qui a pris congé de ses fonctions d’évêque de la puissante et controversée Eglise universelle du Royaume de Dieu depuis son entrée en fonction en janvier 2017, est accusé d’avoir pris sa mairie pour un temple. « Les faits sont graves. Le maire n’a pas respecté notre principe de laïcité », explique Tarcisio Motta, conseiller municipal de Rio.

A l’origine de la bronca, une réunion secrète aux allures de messe basse, baptisée « café de la communion », organisée mercredi 4 juillet. Selon les indiscrétions du quotidien O Globo, Marcelo Crivella aurait alors promis à 250 pasteurs évangéliques de faciliter à leurs fidèles des opérations de la cataracte, des soins contre les varices et des vasectomies pour éviter les mois d’attente des hôpitaux de Rio. « Si un de nos frères connaît quelqu’un à l’Eglise qui ait des problèmes de cataracte, s’il vous plaît, parlez à Marcia (….) et d’ici une semaine ou deux, ils seront opérés », affirme le maire, piégé par une écoute.

« Narcissisme moral »

L’édile poursuit en assurant les leaders évangéliques qu’il les aidera à obtenir l’exemption de la taxe foncière et promet de profiter de son poste à Rio pour rénover et aménager les églises. « Parfois, le pasteur est à la porte de son église et dit : Quand les gens traversent, ils peuvent se faire renverser”. Nous allons mettre un feu rouge, un dos d’âne », détaille M. Crivella.

Pour les élections d’octobre, les ouailles sont aussi encouragées à faire la promotion du pasteur Rubens Teixeira, candidat au poste de député pour le Parti républicain brésilien (PRB), bras politique de l’Eglise universelle du Royaume de Dieu. Le vote évangélique peut « faire faire quelque chose pour la patrie », souligne le maire.

Attaqué, l’édile crie à la persécution religieuse. Mais à en croire le théologien Alexandre Marques Cabral, la réunion trahit sans ambiguïté le « narcissisme moral » de l’Eglise évangélique et sa soif de pouvoir. Peu populaire, le maire avait déjà suscité la polémique en réduisant les budgets de la gay-pride, du carnaval et d’autres fêtes « sataniques ». Il est désormais fustigé sur les réseaux sociaux pour gaspillage d’argent public, les Cariocas rappelant que les pasteurs « qui savent faire marcher les paralytiques, redonner la vue aux aveugles et même “soigner les gays” » ne devraient pas avoir besoin de la chirurgie.