Le soulagement est arrivé, mardi 10 juillet, sous la forme d’un message posté sur Facebook. « Nous ne sommes pas sûrs qu’il s’agisse d’un miracle, de la science, ou de quelque chose d’autre », ont écrit sur leur compte les forces spéciales de la marine thaïlandaise.

Ce sauvetage exceptionnel, à l’issue positive, aura tenu en haleine le monde entier depuis le samedi 23 juin. C’est à cette date que douze jeunes footballeurs, âgés de 11 ans à 16 ans, et leur entraîneur de 25 ans s’étaient aventurés dans une gigantesque grotte de près de dix kilomètres, avant d’y être bloqués par la montée des eaux, provoquée par la mousson.

Mardi, au fil des heures, on en apprenait davantage sur les conditions de santé des miraculés, admis à l’hôpital de Chiang Rai, ainsi que sur les modalités des évacuations, qui auront duré trois jours. Voici huit choses que nous ont apprises les conférences de presse et communiqués diffusés par les militaires thaïlandais ces dernières vingt-quatre heures.

  • Placement en quarantaine

Pour leur éviter tout risque d’infections, la « bande des treize » a été isolée dans une aile de l’hôpital de Chiang Mai, où ils devront rester au moins une semaine en observation. Deux des enfants souffrent d’une infection pulmonaire, et sont sous traitement antibiotique. Les autres présentent également des forts taux de globules blancs, obligeant les autorités médicales à des examens approfondis. Les échantillons ont été envoyés à Bangkok.

Par mesure de précaution, les treize survivants ont été vaccinés contre le tétanos et la rage. Les médecins craignent surtout la leptospirose, aussi appelée « maladie du rat », contractée du fait de bactéries particulièrement présentes dans l’eau douce boueuse et tiède.

Leurs familles, dont beaucoup campaient devant la grotte depuis dix-sept jours, ont pu toutefois les voir à l’hôpital à travers une baie vitrée. Elles devraient, dans un second temps, pouvoir les approcher de plus près – deux mètres –, à la condition d’être vêtus de tenues stériles.

  • Privés de nourriture épicée

Tous ont pu remanger – y compris du chocolat pour certains. En revanche, la nourriture épicée, pourtant traditionnelle en Thaïlande, leur est pour l’heure refusée, leur estomac étant encore trop fragile pour le supporter.

En moyenne, les enfants ont perdu deux kilogrammes, selon le médecin. Les garçons ont « très souvent » faim, d’après le personnel. Dans la grotte, tous avaient pu continuer à boire en consommant de l’eau qui ruisselait sur les parois.

Des secouristes interviennent dans la grotte de Tham Luang, le 10 juillet. / SOE ZEYA TUN / REUTERS

  • Eviter les interviews

Si leur état physique est très rassurant, leur état psychologique, lui, devra surtout être observé sur le moyen et long terme. Pour l’heure, « tout le monde est en bonne santé mentale », a assuré mardi l’hôpital. Des spécialistes ont cependant mis en garde contre les conséquences à long terme de l’épreuve et des psychologues suivent les enfants.

Pour préserver l’équipe sportive des Cochons sauvages, les médecins préconisent notamment d’éviter les interviews et les séances photographiques. Reste à savoir si la pression médiatique ne sera pas trop forte pour cela.

  • Deux drones en pleine opération de secours

Preuve de cet emballement de la part des caméras du monde entier, les responsables des opérations de secours ont vivement critiqué l’usage de drones par certains médias, lors de l’évacuation. Ces drones, qui tentaient de filmer les enfants, ont d’ailleurs gêné les hélicoptères devant les prendre en charge.

La police a annoncé, mardi, l’ouverture d’une enquête. L’association des journalistes audiovisuels de Thaïlande a appelé, mardi, les reporters à « s’en tenir strictement à l’éthique et à respecter la vie privée de ceux impliqués dans cette épreuve ».

  • Panne de la pompe à eau principale

On ne peut pas imaginer timing plus idéal. Selon le premier compte rendu publié dans la nuit de mardi à mercredi par les responsables du sauvetage, la pompe principale – dix-neuf ont été installées au total pour évacuer l’eau de la grotte –, s’est arrêtée quelques heures après la fin des opérations de secours. De nombreux secouristes se trouvaient toujours sous terre dans le « camp de base », la chambre 3, située à 1,5 km de l’entrée de la grotte.

La panne a provoqué une hausse rapide du niveau de l’eau, ainsi qu’un mouvement de panique parmi les sauveteurs, qui étaient occupés à ranger le matériel. Heureusement, tous sont parvenus à sortir. Les secours avaient été endeuillés par la mort, vendredi, d’un plongeur thaïlandais venu approvisionner en oxygène les enfants.

  • Le temps de trajet nettement réduit

Le périple pour sortir de la grotte a été pour le moins épique pour les enfants qui ont dû, en seulement quelques jours, apprendre à nager et faire de la plongée pour s’extirper de la grotte avec l’aide de deux sauveteurs chacun. Un scénario qui avait d’abord été rejeté par les autorités thaïlandaises, tant il semblait impossible à tenir pour les enfants.

Mais le travail des secouristes les a nettement soulagés. Selon le communiqué publié par l’armée thaïlandaise, le trajet initial de la chambre 3 à l’entrée de la cave devait prendre cinq heures, mais a été réduit à une heure après une semaine de drainage et de pelletage.

  • Pas de finale de la Coupe du monde en Russie

Les jeunes footballeurs rescapés ne pourront pas répondre à l’invitation de la FIFA d’aller en Russie assister à la finale de la Coupe du monde le 15 juillet, ont annoncé les médecins mardi. Ils seront en effet toujours en période d’observation.

En revanche, le club britannique de Manchester United a déjà invité les Cochons sauvages à venir au stade lors de la saison prochaine. Le championnat espagnol de football a aussi annoncé vouloir les inviter.

  • Quatre miraculés apatrides

Pour voyager, il leur faudra toutefois des passeports. Trois enfants ainsi que l’entraîneur de l’équipe sont apatrides. Ils font en effet partie des plus de 400 000 personnes recensées comme apatrides en Thaïlande, d’après le Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU. Un chiffre particulièrement élevé, qui s’explique notamment par les combats entre des groupes ethniques et l’armée en Birmanie voisine.

« Obtenir la nationalité (thaïlandaise) est le plus grand espoir des garçons (…). Par le passé ils ont été embêtés pour des matchs qui se jouaient en extérieur » à cause des restrictions de déplacements pour les apatrides, a expliqué le fondateur du club de football, Nopparat Khanthavong. Les apatrides ne peuvent pas, en outre, se marier légalement, obtenir un emploi ou un compte en banque, posséder de biens ou voter.

La Thaïlande s’est engagée à enregistrer tous les apatrides d’ici 2024, mais, d’ici là, le flou règne. « Ce problème rencontré par plusieurs garçons de la grotte devrait servir de piqûre de rappel à la Thaïlande » et lui rappeler l’ampleur de l’apatridie dans le pays, a réagi Pornpen Khongkachonkiet, d’Amnesty International en Thaïlande.