Chaque jour durant la Coupe du monde, Eddy Fleck et Maxime Mianat analysent la compétition à leur façon. Attention : cette chronique peut contenir du second degré.

Elite opinion : la Coupe du monde est la compétition où le niveau de jeu est le plus surcoté. Placée au terme d’une saison de cinquante-deux matchs, elle oppose des joueurs épuisés qui n’ont pas le temps de s’entraîner suffisamment avec leurs coéquipiers pour présenter un jeu offensif décent. Contre son camp est le meilleur buteur du tournoi et poteau de corner le passeur décisif. Est-ce le modèle que nous voulons montrer à ceux qui regardent le football seulement tous les quatre ans ? Comment être pris au sérieux si la vitrine de notre sport est remplie de matchs débloqués sur coups des pieds arrêtés et de défenses infranchissables ?

Des solutions existent pour favoriser le spectacle. Agrandissons les cages de dix mètres. Installons un cercle de feu sur le rond central. Demandons aux joueurs de réaliser des défis avec des nains afin de trouver un mot et ramener des pièces pour une association. Obligeons chaque équipe à aligner un défenseur tunisien. Raréfions l’événement, organisons-le tous les vingt ans, car comme en amour, la distance crée le manque. 1998. 2018. 2038. L’équipe de France serait toujours championne du monde. Ou n’invitons que les pays susceptibles de la gagner : pas l’Asie, pas l’Afrique, un Euro à l’ambiance sud-américaine, la Coupe du monde 2018 en résumé. Non, mauvaise idée.

Angleterre-Croatie ne présage rien de bon, tant les Croates seront lessivés par deux prolongations. Attention : je ne dis pas que cette équipe d’Angleterre est nulle. Je dis qu’elle terminerait cinquième de Premier League et douzième de Liga. Pourtant, je la regarderai. Ce soir, je replongerai sans hésiter dans la médiocrité. Je m’attends à être déçu, au mieux positivement surpris, mais je ne peux manquer cette rencontre : c’est la Coupe du monde. Il n’y a qu’elle qui compte, avec ses défauts, ses boutons, ses Anglais, ses pénos, ses rencontres improbables, son histoire, sa légende, tout ce que je ne retrouve plus en Ligue des champions.

Maxime Mianat

Les épisodes précédents de « Roulette russe »

Episode 1 : comment concilier Coupe du monde et vie de famille

Episode 2 : pourquoi il ne faut pas critiquer l’équipe de France

Episode 3 : pourquoi on ne sait pas encore si Griezmann pourra jouer contre l’Australie

Episode 4 : pourquoi le drapeau du Brésil n’est pas ce que vous croyez

Episode 5 : pourquoi les Anglais n’ont en réalité pas inventé le football

Episode 6 : pourquoi Pologne-Sénégal est un authentique derby

Episode 7 : pourquoi la Coupe du monde est un cauchemar pour les autres sportifs

Episode 8: pourquoi France-Pérou n’aura pas lieu

Episode 9 : pourquoi il y a toujours un drapeau algérien dans un stade

Episode 10 : pourquoi l’Antarctique est le grand absent du tournoi

Episode 11 : pourquoi il n’est pas raisonnable d’aimer à la fois Lionel Messi et Cristiano Ronaldo

Episode 12 : pourquoi on peut suivre la Coupe du monde sans aimer le foot

Episode 13 : pourquoi le dopage n’existe pas dans le football

Episode 14 : pourquoi 0-0 est le score parfait

Episode 15 : pourquoi le match Panama-Tunisie sera l’événement du soir

Episode 16 : pourquoi j’ai renoncé à la nationalité française durant la Coupe du monde

Episode 17 : comment échapper à un mariage le jour de France-Argentine ?

Episode 18: pourquoi les statistiques sont indispensables au football

Episode 19 : pourquoi les joueurs brésiliens choisissent-ils leur nom de famille ?

Episode 20 : comment expliquer la Coupe du monde à son enfant

Episode 21 : comment briller en société en parlant football ?

Episode 22 : pourquoi il faut croire en Dieu avant France - Uruguay

Episode 23 : pourquoi cette équipe de France ne me fait pas rêver

Episode 24 : pourquoi les footballeurs sont des gens bien, finalement

Episode 25 : comment noter les joueurs ?

Episode 26 : pourquoi le football ne me manque absolument pas

Episode 27: Pourquoi j’irai suivre France-Belgique à Armentières