La ministre de la santé, Agnès Buzyn, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le 19 juin 2018. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Le gouvernement a décidément bien du mal à communiquer sur le sujet pourtant très sensible des pensions de réversion. Alors que l’exécutif tente, depuis des semaines, d’éteindre l’incendie sur le devenir de ce mécanisme de solidarité dans le futur système de retraites, c’est au tour d’Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé et chargée de ce dossier, de se prendre les pieds dans le tapis.

Interrogée, mardi 10 juillet à l’Assemblée nationale, sur ce dispositif qui permet, après le décès d’une personne, de reverser une partie des droits acquis par celle-ci au conjoint survivant, Mme Buzyn a affirmé, lors des questions au gouvernement, que « rien ne changera pour les retraités d’aujourd’hui ». Lundi, devant le Congrès, Emmanuel Macron avait déjà martelé ce message, qualifiant une possible suppression de « rumeur infâme, visant à faire peur ».

La réponse de la ministre concernant les futurs pensionnés en, a en revanche, inquiété plus d’un. « Pour les retraités de demain, nous maintenons, nous maintiendrons le système des pensions de réversion (…). Cela concerne des femmes qui n’ont pas travaillé, qui se sont occupées de leurs enfants ou qui ont travaillé aux côtés de leur mari sans cotiser. » Laissant ainsi entendre, en creux, que les femmes ayant travaillé n’y auraient plus droit.

« Aucun changement sur le fond »

Ce qui constituerait un changement de taille pour un mécanisme qui bénéficiait, en 2016, à 4,4 millions de personnes – dont 89 % de femmes – et qui vise à corriger en partie les inégalités de pensions très fortes entre hommes et femmes, notamment à cause de salaires plus faibles. Mais les règles pour la percevoir sont hétérogènes (conditions d’âge, de ressources…) et le futur système de retraite devrait être l’occasion d’une remise à plat.

«@agnesbuzyn vient d’annoncer le rétrécissement du périmètre à venir des pensions de réversion. Elles seront maintenues pour les femmes qui n’ont jamais travaillé. Voilà comment #Macron le #PrésidentDesRiches lance son chantier d’Etat providence », a tweeté le député PS Luc Carvounas. « Il ne s’agit pas de limiter les pensions de réversion à ces personnes-là, ce n’est pas du tout ce qu’elle a voulu dire, répond le cabinet de la ministre. Il n’y a aucun changement sur le fond. » Peu après, Mme Buzyn a corrigé le tir au Sénat. « Oui, nous maintiendrons les pensions de réversion dans le futur système pour les futurs retraités qui bénéficieront des mêmes prestations pour chaque euro cotisé », indiquait-elle désormais. Une formule, certes plus rassurante, mais pas beaucoup plus claire.