Le premier ministre thaïlandais, Prayuth Chan-o-cha, lors d’une réunion avec les militaires chargés de secourir les enfants et leur entraîneur coincés dans la grotte de Tham Luang, le 9 juillet. / HANDOUT / REUTERS

L’audace a payé et les derniers membres de l’équipe de footballeurs des Cochons sauvages ont été extraits sains et saufs, mardi 10 juillet, des caves thaïlandaises où ils étaient bloqués depuis dix-sept jours. La semaine dernière, les responsables des secours envisageaient la possibilité de laisser les douze garçons âgés de 11 à 16 ans et leur entraîneur de 25 ans passer le reste de la mousson dans la grotte, le temps que les eaux baissent.

Les secouristes se sont cependant résolus à tenter depuis dimanche une mission qualifiée par eux-mêmes d’« impossible » : la baisse du niveau d’oxygène dans la grotte et la crainte que les pluies diluviennes attendues ces jours-ci les inondent un peu plus avaient fini par faire craindre que laisser les adolescents à l’intérieur présentait plus de risques que tenter une extraction.

Les dangers d’une telle opération n’étaient pourtant pas minces : les secouristes ont dû guider des garçons qui ne savaient pas nager et n’avaient aucune expérience de la plongée à travers plusieurs kilomètres de cavernes inondées, de sombres boyaux où il faut progresser à l’aveuglette et des passages étroits où l’on doit parfois ramper. Ils y sont arrivés : les cinq derniers rescapés ont émergé plus vite que prévu mardi soir des entrailles de la grotte de Tham Luang, près de la frontière birmane.

Tranquillisants

La décision de les extraire ainsi avait fait débat parmi les responsables thaïlandais et plusieurs experts étrangers qui les assistaient : selon le site d’information thaïlandais indépendant Khaosod, « les recommandations de l’équipe de plongeurs britanniques [qui avaient découvert le groupe d’adolescents la semaine dernière] ont pesé sur la décision de ramener les jeunes de cette façon osée ». Le site précise que « certains secouristes avaient peur qu’une telle opération signifie la mort pour les adolescents », vu la difficulté du terrain et des défis techniques.

L’une des craintes était de voir certains des enfants paniquer au cours du voyage de cinq à six heures pour retrouver l’air libre. Le chef de la junte militaire au pouvoir en Thaïlande, le général Prayuth Chan-o-cha, a d’ailleurs révélé mardi que des tranquillisants ont été donnés aux garçons afin « de les empêcher d’angoisser ».

« Nous avons réussi à faire ce que personne ne croyait que nous puissions faire », s’est félicité le responsable des opérations, Narongsak Osottanakorn. C’est une première mondiale, il y a de quoi être fier ! » Et d’ajouter : « J’espère que ces derniers dix-sept jours resteront dans les mémoires comme une leçon à tirer pour la poursuite du développement de notre pays. »

« Un point pour les militaires »

« Il faut avouer que les militaires ont marqué un point », a reconnu l’un des cadres de la dissidence intérieure thaïlandaise, Rangsiman Rome, qui bataille pour exiger que soient organisées au plus tôt des élections dans un royaume placé sous la botte d’une junte militaire depuis le coup d’Etat de mai 2014. « La réussite de cette mission doit être portée à leur crédit », a-t-il ajouté.

Le roi Maha Vajiralongkorn, qui vit la plupart du temps en Allemagne et dont la parole est rare, est intervenu à plusieurs reprises pour s’inquiéter du sort des adolescents. Son fils, le prince héritier Dipangkorn, a écrit une lettre en allemand, souhaitant que l’opération de secours connaisse un heureux dénouement.

L’affaire a connu un retentissement international. Donald Trump a écrit sur Twitter : « Tous libres, beau boulot ! » Et après la victoire de la France contre la Belgique en demi-finale du Mondial, mardi, le joueur Paul Pogba a dédié la victoire des Bleus aux « héros [thaïlandais] du jour », ajoutant : « Bravo, les garçons, vous êtes forts. »

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