Une salle d’attente de l’hôpital d’Argenteuil (Val-d’Oise), en juillet 2013. / FRED DUFOUR / AFP

Faciliter aux patients l’accès aux soins, accélérer la « numérisation » des médecins, et profiter d’un vaste marché encore en friche, tel est le sens du mariage annoncé par deux start-up françaises de la e-santé le jeudi 12 juillet.

Le numéro un français de la prise de rendez-vous médicaux sur Internet, Doctolib officialise le rachat de son concurrent direct Mondocteur, dont le groupe Lagardère détenait jusque-là la majorité du capital. « Nous consolidons ainsi notre position de leader en Europe et nous enrichissons les services que nous offrons à la fois aux patients et aux praticiens », explique le cofondateur de Doctolib Stanislas Niox-Chateau.

Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé, mais, selon nos informations, il serait d’une cinquantaine de millions d’euros en cash, malgré les déficits de Mondocteur. « Mondocteur affiche une très belle croissance. Et avait plusieurs propositions de repreneurs. Ce sont eux qui nous ont choisis », se félicite le patron de Doctolib. « Les deux sociétés ont un ADN assez proche et se connaissent très bien », corrobore le cofondateur de Mondocteur, Thibault Lanthier.

10 % des médecins équipés

Doctolib et Mondocteur offrent aux patients un service de prise de rendez-vous et de suivi de visites chez les médecins. Aux professionnels de la santé, les deux jeunes pousses proposent un outil de gestion des consultations qui permet de diminuer le nombre d’appels vers les secrétariats et de réduire drastiquement le nombre de rendez-vous non honorés, en envoyant des messages de rappel en amont. Il est facturé 109 euros par mois et par praticien. Le potentiel de développement est considérable. « A nous deux, nous équipons seulement 10 % des médecins en France », explique Thibault Lanthier.

Parmi les clients les plus importants de Doctolib, le CHU de Rouen, celui de Nancy, ou l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP). Alors que joindre au téléphone les services des hôpitaux parisiens relève du parcours du combattant, le patient peut désormais réserver sa consultation en ligne. Une révolution pour l’hôpital public !

1 000 salariés d’ici à deux ans

Pour régler son achat, Doctolib, dont le chiffre d’affaires, qui double chaque année, est compris entre 50 millions et 60 millions d’euros, va puiser dans les 85 millions d’euros levés auprès des fonds d’investissements Accel, BPIFrance, et Eurazeo. Même si la société est déficitaire dans la mesure où elle investit massivement, elle serait valorisée entre 500 millions et 1 milliard d’euros. Ses dirigeants conservent plus de la moitié du capital.

Chez Lagardère, la cession de Mondocteur s’inscrit dans le virage stratégique pris par le groupe, qui souhaite se recentrer sur l’édition et les boutiques d’aéroport. Il a donc notamment mis en vente sa branche médias et Internet, Lagardère Active, qui, dans la santé possède encore Doctissimo.

Avec la reprise de Mondocteur, Doctolib veut accroître sa force de frappe dans cette « course de marathon » explique son cofondateur Stanislas Niox-Chateau, ancien tennisman de 31 ans, qu’une blessure a empêché de faire carrière.

Le secteur compte encore une kyrielle de petits acteurs, tels que Rdvmedicaux.com ou Docavenue. Ensemble, les deux sociétés réunissent vingt millions de visites par mois, 55 000 clients et 1 200 établissements de santé. « Les 150 personnes de Mondocteur vont rejoindre nos 450 salariés. Nous voulons être 1 000 d’ici à deux ans », poursuit l’entrepreneur.

La start-up a donc besoin de forces : elle démarche un à un les praticiens pour les convaincre d’adopter son logiciel de gestion des consultations.

Essentiellement présente en France

A l’avenir, la start-up souhaite conquérir toujours plus de nouveaux médecins et accroître les services proposés par son logiciel. Outre la prise de rendez-vous, l’outil permet d’aider à optimiser les salles d’attentes ou les consultations. Un praticien pourra ainsi équilibrer ses rendez-vous en fonction des urgences, des profils de patients etc.

Autre fonctionnalité sur laquelle Doctolib compte beaucoup : la mise en relation entre praticiens. « Un médecin peut réserver en direct une consultation chez un confrère ou un spécialiste pour son patient. Il peut laisser des messages, des documents, on lui ouvre des canaux de réservation privilégiés », dit Stanislas Niox-Chateau.

A ce jour, si la start-up revendique un rôle de numéro un européen, elle est essentiellement présente en France. Elle a commencé à s’implanter en Allemagne, mais n’y emploie que soixante personnes, et est présente dans seulement cinq villes (Düsseldorf, Cologne, Berlin, Hambourg et Munich). A l’avenir, elle compte bien sur l’international, mais préfère d’abord se  oncentrer sur l’axe franco-allemand.