Jusqu’à présent, le club marseillais n’était que sous-locataire du Stade-Vélodrome. / BERTRAND LANGLOIS / AFP

L’Olympique de Marseille sera, à partir de l’automne 2019, le seul opérateur du Stade-Vélodrome, son temple de 67 000 places dont le club n’était jusqu’alors que locataire.

Le stade – officiellement rebaptisé Orange Vélodrome depuis la signature d’un contrat de nommage (naming, en anglais) par l’opérateur téléphonique – reste la propriété de la municipalité marseillaise. La société Arema, née pour gérer le partenariat public-privé (PPP) signé à l’occasion de la rénovation de l’Euro 2016 et qui exploitait le stade depuis son inauguration, cède ses fonctions à l’OM, mais reste détenteur du PPP. Arema, filiale du groupe Bouygues à sa création, est détenu depuis la fin de 2016 par Mirova, filiale de la banque Natixis (54,16 %), de la Caisse des dépôts (30,84 %), Bouygues (10 %) et la Caisse d’épargne Provence-Alpes-Corse (5 %).

L’information, révélée par La Provence, a été confirmée au Monde par plusieurs sources. Le protocole d’accord entre Arema et l’Olympique de Marseille sera signé jeudi 12 juillet lors d’une conférence de presse organisée par la municipalité et ouvrira une période de finalisation que l’OM compte boucler avant la fin d’octobre. Le club continuera à payer ses 5 millions d’euros de loyer fixe chaque année à la ville de Marseille – loyer contesté auprès du tribunal administratif par un élu d’opposition – et réglera également une sous-location annuelle à Arema. Le contrat court jusqu’à la fin du PPP, soit 2045.

Un objectif du président

La prise de contrôle du Stade-Vélodrome était un des objectifs affichés par le président de l’Olympique de Marseille, Jacques-Henri Eyraud, qui y voit un « levier de prospérité ». « C’est un tournant important dans l’évolution du projet OM », estimait-on, hier, au sein du club, mettant en parallèle le bail emphytéotique signé par le Paris-Saint-Germain pour le Parc des Princes ou la construction du Parc OL par Lyon. Lors de la saison 2016-2017, l’OM n’a engrangé que 14 millions d’euros de recettes de billetterie, alors que le PSG capitalisait plus de 40 millions d’euros. En récupérant l’exploitation du stade, le club marseillais compte surtout développer ses recettes annexes, notamment celles liées à l’organisation d’activités commerciales et d’événements tout au long de l’année. L’ouverture d’un Musée OM est déjà dans les cartons.

« Si l’on observe le top 20 du football européen, toutes les équipes possèdent leur stade ou en sont l’unique opérateur. On ne peut investir, appliquer la stratégie qui est la nôtre, sans contrôler le Vélodrome », explique régulièrement M. Eyraud, bras armé du propriétaire américain Frank McCourt. Pour parvenir à ses fins, le président marseillais est même allé jusqu’à menacer de construire un autre stade. « L’OM ne supportait plus du tout d’être en sous-location, s’estimait maltraitée. Elle reprochait à Arema de ne pas faire les efforts financiers nécessaires à l’amélioration du stade », explique un proche du dossier.

Un exemple parmi d’autres : la saison dernière, l’OM a souhaité réaliser une « zone remplaçants » à l’anglaise, qui remonte dans la tribune officielle et permet de commercialiser des places luxe au plus près des joueurs. A la lecture du devis d’Arema, Jacques-Henri Eyraud dit s’être étouffé, l’estimant largement surestimé. Le président de l’OM s’est également régulièrement ému de la qualité de la pelouse (la 16e de Ligue 1 selon le classement de la LFP), de l’éclairage (« qui met vingt-deux minutes à s’allumer »), et de la sonorisation du stade. « Nous ne sommes pas là pour assurer la rentabilité d’un fonds de pension », râlait-il encore en mai dernier.

Soutien de Jean-Claude Gaudin

La négociation a été compliquée. Dans le cadre du coûteux partenariat public-privé négocié par la Ville de Marseille et épinglé à plusieurs reprises par la chambre régionale des comptes, Arema était en position de force. Elle possède un contrat lui cédant l’exploitation du Stade-Vélodrome jusqu’en 2045, avec pour seule obligation de générer chaque année 12 millions d’euros de recette.

Agacée par les sorties médiatiques du président Eyraud, la société a d’ailleurs annoncé qu’elle arrêtait toute négociation au début de juillet. Une position de principe, les discussions continuant dans la coulisse. Dans ce combat, l’Olympique de Marseille a obtenu le soutien – tardif mais déterminant – du maire LR de Marseille Jean-Claude Gaudin, avec qui les relations sont au beau fixe. « Il a fait ce qu’il fallait pour que l’exploitation passe au club… Si on veut que l’OM rayonne en Europe, il faut lui donner les moyens de le faire », explique un proche de M. Gaudin. Les difficultés rencontrées par Arema pour rentabiliser le Stade-Vélodrome à hauteur des objectifs affichés ont également pesé lourd dans le passage de témoin.