Surprise matinale, jeudi 12 juillet, pour les salariés du siège social de la Société protectrice des animaux (SPA), boulevard Berthier, dans le 17e arrondissement de Paris. Des enquêteurs de la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) y sont entrés pour une perquisition, et ont commencé à récupérer des documents, selon des sources concordantes. La perquisition était encore en cours à 13 h 30, précise-t-on au siège de l’association.

Les achats de croquettes et autres aliments pour les animaux sont au cœur de ces investigations, selon une source présente sur place. En cause, des soupçons selon lesquels la présidente de l’association, Natacha Harry, qui vient de démissionner, aurait favorisé un fournisseur, le groupe Mars, pour lequel elle avait travaillé précédemment.

Avant même d’être adhérente à la SPA, Natacha Harry, qui présentait alors des émissions sur les animaux à la télévision, avait assuré la promotion de Pedigree, une des marques du groupe américain Mars. Cette collaboration rémunérée s’est poursuivie un peu après son élection à la tête de l’association. Or, l’association achetait déjà une partie des aliments pour les animaux de ses refuges à une autre filiale de Mars, Royal Canin. Toute la question est de savoir si, comme le suspectent certains opposants à Natacha Harry, les liens avec le groupe Mars se sont resserrés après son accession à la présidence.

Manquement à la mise en concurrence en 2013 et en 2014

Dans son dernier rapport sur la SPA, publié en mars 2017, la Cour des comptes avait déjà mis le doigt sur le sujet. Elle soulignait que le contrat initial avec Royal Canin, daté du 25 mars 2011, avait fait l’objet d’un avenant, non daté, pour l’année 2012, puis que l’accord avait été tacitement reconduit en 2013 et en 2014, sans mise en concurrence. Or l’audit juridique réalisé à la demande de la nouvelle présidente, avait, dès avril 2014, constaté des « manquements » et avait « préconisé une renégociation après mise en concurrence des contrats des fournisseurs référencés », notait la Cour des comptes. Depuis, un appel d’offres a fini par être lancé, et, au printemps, il a été perdu par le groupe Mars au profit de deux autres fournisseurs.

Quelles que soient les suites judiciaires données à cette enquête, la perquisition menée jeudi ne peut que renforcer dans l’immédiat les doutes sur la gestion de l’association et accentuer la crise interne. En quelques mois, la SPA a déjà écarté trois de ses principaux dirigeants salariés, tandis que le secrétaire général et la présidente, tous deux bénévoles, ont démissionné.

Lire l’enquête (en édition abonnés) : Temps de chien à la SPA