Thierry Henry console Eden Hazard après la défaite contre la France, le 10 juillet. / Petr David Josek / AP

C’est le match qu’ils auraient espéré ne jamais jouer. Belges et Anglais vont s’affronter pour la troisième place du Mondial, samedi à 16 heures. Battues par les Français et par les Croates, les deux sélections ont dû dire adieu à leurs rêves de titre en Russie.

Et contrairement aux adversaires qu’ils ont éliminés jusque-là, eux n’ont pas encore pu passer à autre chose. Il reste un dernier match, celui que certains aimeraient voir disparaître, à l’image de Luis Van Gaal, le sélectionneur néerlandais en 2014.

« Je ne pense pas que ce match devrait se jouer. Il n’y a rien de pire que de perdre deux fois de suite après avoir fait un tournoi fantastique. Je l’avais déjà dit il y a dix ans : on ne devrait pas jouer pour cette troisième place. Ça ne consolera pas du fait de ne pas être champion. »

D’ailleurs, les deux sélectionneurs anglais et belge reconnaissent qu’ils n’avaient pas vraiment en tête l’idée de jouer ce match-là. « C’est un match qu’aucune équipe ne veut jouer », concède Gary Southgate, le sélectionneur anglais. Pour Roberto Martinez, le sélectionneur de la Belgique, « c’est une émotion particulière à gérer. On est déçu d’avoir perdu la demi-finale. C’est difficile d’envisager l’idée de jouer un autre match comme quelque chose de positif ».

Un match de plus à diffuser

Alors pourquoi faire un match pour la troisième place ? L’Euro a abandonné l’idée en 1984. La Coupe du monde, elle, en a quasiment toujours connu un (à l’exception de 1930 et 1950). En plus de permettre de classer les équipes (et de jouer un rôle dans le controversé classement FIFA), cela permet surtout d’ajouter un match de plus, source de revenus supplémentaires pour la FIFA.

Pour le côté historique et sportif, une victoire contre l’Angleterre constituerait pour les Belges le meilleur résultat de l’histoire du pays dans cette compétition. Pour les Anglais, ce serait une revanche sur le match de poules, et le meilleur parcours depuis la victoire, en 1966. Une maigre consolation à laquelle certains semblent pourtant vouloir tenir.

« Je veux qu’on termine fort samedi pour prendre la troisième place. Je crois qu’on la mérite, on va tout faire pour l’avoir. On doit le faire, pour nous, pour que dans vingt, trente ans, on dise qu’en Russie on a joué un bon tournoi. Peut-être que, dans vingt, trente ans, il y aura de nouveau des grands talents en Belgique qui vont se dire : il faut battre le parcours des Diables en Russie », essaie de se convaincre Thibault Courtois, le portier belge. « Nous avons une chance de remporter une médaille à une Coupe du monde, ce que seule une équipe a pu faire par le passé, nous sommes donc très motivés », assure Gary Southgate, le sélectionneur anglais, de son côté.

Les Croates de Davor Suker, eux, avaient ainsi fait contre mauvaise fortune bon cœur, en 1998, après l’élimination contre la France :

« Pour nous, c’était incroyable de finir troisième devant certaines des plus grandes équipes du monde. Ça a confirmé que nous avions réalisé une grande Coupe du monde, et c’était une jolie façon de la finir. »

Un match pour l’oubli

Reste qu’un match pour la troisième place peut parfois être agréable à suivre, rappelle justement l’agence américaine Associated Press.

En 2010, l’Allemagne, menée 2-1 par l’Uruguay, a finalement remporté le match 3-2. La rencontre aurait d’ailleurs pu aller en prolongation si le coup franc de Diego Forlan avait trouvé les filets allemands plutôt que la barre transversale dans les derniers instants du match.

Mais plus généralement, même si les matchs sont intéressants, ce sont des rencontres jouées par des sélections parfois épuisées et démotivées et qui finissent par sombrer dans l’oubli collectif. Qui se souvient que la Croatie et les Pays-Bas se sont affrontés en 1998 ? Ou que le Brésil a enchaîné une nouvelle grosse défaite 3-0 contre les Pays-Bas après la claque 7-1, reçue en demi-finale en 2014 ?

Kane ou Lukaku meilleur buteur ?

L’un des seuls intérêts de la rencontre entre Belges et Anglais concernera l’identité du meilleur buteur de la compétition. Harry Kane (six buts) et Romelu Lukaku (quatre buts) ont l’occasion de remporter le trophée à l’issue de cette rencontre.

Leonidas en 1938, Salvatore Schillaci en 1990, Davor Suker en 1998 ou encore Thomas Müller et Diego Forlan en 2010, ont tous profité de ce dernier match pour faire la différence et s’assurer le titre de meilleur buteur. Just Fontaine avait inscrit un quadruplé pour son dernier match de la Coupe du monde 1958 et porter le record de buts dans la compétition à 13. Il n’a jamais été battu depuis.

Pourtant, même cette perspective semble avoir du mal à motiver Harry Kane. Le buteur anglais ne s’en est d’ailleurs pas caché en conférence de presse :

« Je n’y pense pas trop. Ce n’est pas le match que nous voulions jouer. C’est comme ça, mais on essaiera de jouer ce match avec autant de fierté que possible et finir sur une bonne note. Mais ça va faire mal. »