Farouk Ben Abbes, à son arrivée au procès en première instance, au Palais de justice de Paris, le 4 juillet 2018. / THOMAS SAMSON / AFP

Farouk Ben Abbes, figure de l’islam radical condamné à quatre ans de prison ferme pour son activité à la fin des années 2000 sur Ansar Al-Haqq, qui fut le site djihadiste francophone de référence, sera rejugé, selon des sources proches du dossier à l’AFP.

Ce Belgo-Tunisien de 32 ans a fait appel de sa condamnation, prononcée le 6 juillet, tout comme deux de ses coprévenus. Le parquet, qui avait requis des peines plus lourdes et demandé leur incarcération immédiate, a également fait appel, selon une source judiciaire.

Outre les quatre ans d’emprisonnement, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné Farouk Ben Abbes à une interdiction définitive du territoire français.

En l’absence de mandat de dépôt prononcé à l’audience, lui qui était jusqu’au printemps l’un des plus anciens assignés à résidence de France, avait quitté libre le tribunal. Les appels suspendent l’exécution de sa peine.

C’était la première fois que cet homme, cité dans plusieurs dossiers antiterroristes sans y être poursuivi, était condamné dans une telle affaire.

Trois autres prévenus condamnés

Il avait bénéficié en 2012 d’un non-lieu dans une enquête sur des projets d’attentat signalés en 2009 par les autorités égyptiennes, où la salle de spectacles du Bataclan apparaissait parmi les cibles, six ans avant l’attaque du 13 novembre 2015 qui y fit 90 morts.

Comme lui, trois autres anciens administrateurs du site Ansar Al-Haqq ont été condamnés pour association de malfaiteurs terroriste.

Les deux autres prévenus présents au tribunal, Nordine Z. et David R., ont été condamnés à respectivement quatre et trois ans de prison.

Le quatrième prévenu, Léonard Lopez, parti en 2015 pour le djihad et qui serait aux mains des Kurdes de Syrie, a été condamné en son absence à cinq ans assortis d’un mandat d’arrêt.

Désormais fermé, Ansar Al-Haqq, dont le nom signifie « les partisans de la vérité », était une référence du Web djihadiste en langue française à une époque où le djihad armé se menait notamment en Afghanistan ou au Pakistan.

Alors que les prévenus avaient affirmé que leurs activités sur le site se résumaient à « informer », le tribunal avait jugé que le site avait bien « incité » au djihad, avec « une vocation de recrutement » pour le combat armé « dans la lignée de ce qu’Al-Qaida recherchait, mener le “djihad médiatique” ».