L’animal possède ainsi « un large côté dorsal avec une petite nageoire comme les rorquals communs » mais « sa taille et ses marques sur la peau sur les côtés sont en revanche proches de la baleine bleue », selon un spécialiste des cétacés. / ROBERT READ / AFP

Baleine bleue, rorqual commun, ou hybride ? La polémique enfle en Islande après les accusations d’une association de défense des animaux, affirmant qu’une baleine bleue aurait été harponnée, une première depuis cinquante ans.

« Les bénévoles de Sea Shepherd qui surveillent la station baleinière Hvalur hf, à Hvalfjördur, en Islande, ont documenté l’abattage d’une baleine bleue, une espèce menacée, dans la nuit du 7 juillet », a indiqué l’association internationale dans un communiqué. La baleine bleue est en effet une espèce protégée depuis 1966 et interdite à la chasse par la Commission baleinière internationale.

Pourtant, nombre d’experts en Islande mettent en doute les affirmations portées par Sea Shepherd. Selon les spécialistes, l’animal harponné présente des caractéristiques semblables à la baleine bleue... et au rorqual commun, deuxième plus grand animal vivant sur la planète derrière la baleine bleue. Or l’unique entreprise islandaise de chasse au rorqual commun, Hvalur hf, a été autorisée en avril à reprendre la mer.

Une espèce hybride ?

L’animal possède ainsi « un large côté dorsal avec une petite nageoire comme les rorquals communs, ce qui peut expliquer la raison pour laquelle il a été tué en tant que tel », a indiqué Gisli Vikingsson, biologiste marin et spécialiste des baleines à l’Institut de recherche marine et d’eau douce. « Sa taille et ses marques sur la peau sur les côtés sont en revanche proches de la baleine bleue », a-t-il ajouté.

« Nous l’avons harponné en pensant que c’était un rorqual commun », s’est défendu Hvalur hf, par la voix de Kristjan Loftsson, son PDG interrogé par l’AFP. « Nous voyons des baleines bleues en mer tout le temps sans jamais y toucher car nous les identifions grâce au souffle émis par leur évent », qui est plus important que les autres baleines.

Selon Gisli Vikingsson, il pourrait s’agir d’une espèce hybride issue d’un croisement entre la baleine bleue et du rorqual commun, un phénomène rare. Depuis 1987, cinq animaux de ce type ont été observés dans les fonds marins islandais, selon M. Loftsson. Ils souffrent tous d’infertilité.

l’unique entreprise islandaise de chasse au rorqual commun, Hvalur hf, a été autorisée en avril à reprendre la mer. / ROBERT READ / AFP

« Activité imprécise et imparfaite »

D’ici la fin du mois de juillet, les premiers résultats d’analyses devraient être connus – mais pourrait ne pas être suffisants. Un test ADN, initialement programmé pour cet automne, va également être rapidement pratiqué face aux débats que suscite la prise.

« Cela montre à quel point cette activité est imprécise et imparfaite et qu’il n’y a absolument aucun besoin de la poursuivre », a indiqué pour sa part Sigursteinn Másson, responsable de l’antenne islandaise du Fonds international pour la protection des animaux. « Les hybrides sont d’une rareté encore plus importante que les baleines bleues qui sont pourtant elles-mêmes listées comme espèce en danger », a-t-il ajouté, appelant à l’arrêt immédiat de la chasse au rorqual commun.

Aucune loi ne régit la chasse à la baleine hybride. En revanche, son commerce est encadré par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.