Documentaire sur Arte à 0 h 00

Joël Pommerat, auteur et metteur en scène de théâtre ou plutôt, comme il aime à se définir, « auteur de spectacles ». / ARTE

« Je cherche le réel. Mais ce réel, il faut le recomposer, le refabriquer. » Tout le théâtre de Joël Pommerat est là, et toute son aventure artistique qui, depuis vingt ans, a pris peu à peu une place aussi importante que celle menée auparavant par Patrice Chéreau. Pour autant, l’auteur et metteur en scène reste un homme secret, de tempérament farouche, tendu vers son art, fuyant le cirque médiatique.

C’est le grand mérite du film de Blandine Armand que de les faire mieux connaître, lui et cette aventure menée avec sa compagnie Louis Brouillard – nom choisi en clin d’œil au Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine –, fondée en 1990. La documentariste ­connaît bien le travail de l’« auteur de spectacles », comme il aime à se définir lui-même, et elle le saisit par petites touches sensibles, tel qu’en lui-même, longue silhouette dégingandée, travailleur inlassable, d’hôtel en appartement temporaire, avant de se poser, enfin, dans la maison qu’il a achetée dans le sud-ouest de la France.

Avant tout une équipe

Le Théâtre comme absolu – titre du documentaire – le dit bien : Joël Pommerat a vécu dans, par et pour son théâtre pendant trente ans, créant une trentaine de pièces, traduites en quarante langues, et tournant dans le monde entier. De nombreux extraits de ces spectacles émaillent le film, qu’il s’agisse d’Au monde, des Marchands, de Ma chambre froide ou de Ça ira (fin de Louis), le dernier créé : en s’attaquant à la Révolution française, Pommerat et son équipe ont fait date, avec cette pièce qui est reprise au Centquatre-Paris, du 16 au 20 juillet, dans le cadre du festival Paris l’été.

Car Pommerat, c’est aussi et avant tout une équipe, une compagnie de fidèles, qui tous interviennent dans le film. Les quatre actrices qui forment le socle de la troupe au premier chef : Saadia Bentaïeb, Agnès Berthon, Ruth Olaizola et Marie Piemontese. Et, bien sûr, Eric Soyer, scénographe et bien plus encore, le premier interlocuteur, qui résume en une phrase le cœur de ce théâtre : « Ce qui m’a toujours fasciné dans son écriture, c’est le point de glissement entre la banalité et le monde de l’inconscient. » Si l’on ajoute à cela le travail à l’Opéra et celui que mène Joël Pommerat à la prison d’Arles, c’est un tableau complet qu’offre le film de Blandine Armand.

Joël Pommerat, le théâtre comme absolu, de Blandine Armand (Fr., 2017, 60 min).