Des policiers à Managua, au Nicaragua, le 14 juillet. / OSWALDO RIVAS / REUTERS

Au moins dix personnes ont été tuées et vingt blessées dans des attaques lancées par les forces gouvernementales, dimanche 15 juillet, dans plusieurs localités aux mains des rebelles dans le sud du Nicaragua, a annoncé un groupe de défense des droits de l’homme.

Par ailleurs, des paramilitaires ont ouvert le feu sur le véhicule à bord duquel se trouvait Mgr Abelardo Mata, un évêque nicaraguayen qui se dirigeait vers Masaya, une ville rebelle assiégée, ont déclaré des responsables de l’Eglise catholique, selon lesquels il est sain et sauf. Mgr Mata est un des cinq dignitaires de l’Eglise qui assurent une médiation entre le gouvernement et l’opposition au Nicaragua.

Il s’agit des derniers épisodes en date dans les violences qui secouent depuis trois mois ce pays, le plus pauvre d’Amérique centrale, et qui ont au total fait au moins 282 morts et quelque 2 000 blessés.

Six civils, dont deux mineurs, et quatre policiers ont trouvé la mort dimanche dans les opérations des forces de police et paramilitaires à Masaya, située à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale Managua, et dans ses environs – étaient également notamment visées les localités de Niquinohomo et de Catarina –, selon l’Association nicaraguayenne des droits de l’homme.

La ville de Masaya « totalement encerclée »

Des habitants ont raconté que ces détachements avaient fait usage de pelleteuses aux premières heures du jour pour y détruire des barricades, attaquant leurs défenseurs.

« Ils vont détruire [la cité de] Masaya, elle est totalement encerclée », a déclaré à l’Agence France-Presse Vilma Nunez, la présidente du Centre nicaraguayen pour les droits de l’homme (Cenidh).

« Nous sommes attaqués par la police nationale et des auxiliaires de la police armés d’AK-47 et de mitrailleuses dans notre quartier de Monimbo », dans le sud du département de Masaya, a, quant à lui, déclaré Alvaro Gomez, un habitant. « Nous résistons avec des bombes artisanales et des pierres », a-t-il ajouté.

« La situation est grave », « Nous devons ouvrir un couloir [humanitaire] pour évacuer les blessés », a pour sa part assuré Alvaro Leiva, le secrétaire de l’Association nicaraguayenne des droits de l’homme.

De son côté, le site internet officiel El 19 Digital a annoncé que Niquinohomo était désormais un « territoire libéré des barrages » érigés par les rebelles.

Masaya, la ville la plus rebelle du Nicaragua, est l’épicentre du mouvement de protestation, dont les étudiants sont le fer de lance, lancé le 18 avril contre le gouvernement du président Daniel Ortega. Celui-ci, âgé de 72 ans et à la tête de son pays depuis 2007, après l’avoir déjà dirigé de 1979 à 1990, est accusé d’avoir durement réprimé les manifestations et mis en place avec son épouse Rosario Murillo, qui occupe les fonctions de vice-présidente, une « dictature » marquée par la corruption et le népotisme. Ses adversaires demandent des élections anticipées ou son départ.