Près de 600 migrants africains, « refoulés » d’Algérie et secourus dans le désert, sont arrivés en milieu de semaine dans le nord du Niger, a annoncé, dimanche 15 juillet, un responsable local.

« Depuis trois jours, une première vague de plus de 180 Nigériens est arrivée à Agadez, suivie par une autre d’au moins 400 étrangers », a déclaré dimanche à l’AFP un responsable municipal d’Agadez, la grande ville du nord du Niger, proche de l’Algérie.

Ce responsable, qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat, a décrit les « conditions habituelles atroces » dans lesquelles les migrants ont été « abandonnés » près de la frontière avec le Niger.

« Selon leurs témoignages, ils ont été amenés à côté de la frontière », a-t-il expliqué. « Laissés avec un minimum d’eau et de nourriture », ils ont ensuite « marché sur une bonne cinquantaine de kilomètres avant d’être secourus ». Parmi les refoulés nigériens, figurent « des enfants et beaucoup de femmes », dont « certains sont arrivés malades ».

Les Nigériens sont déjà pris en charge par les autorités locales et les autres Ouest-Africains par l’Organisation internationale des migrations (OIM), a assuré le responsable municipal.

« Information tronquée »

Dans un tweet vendredi, le représentant de l’OIM au Niger, Giuseppe Loprete, a précisé que son agence avait assisté 391 migrants de seize nationalités abandonnés à la frontière entre le Niger et l’Algérie. Parmi ces refoulés, il y a des Ivoiriens, des Sénégalais, des Guinéens et des Camerounais.

Réagissant à ce tweet, Hassen Kacimi, chargé du dossier de la migration au ministère algérien de l’intérieur a indiqué que « l’OIM a rapporté une information tronquée ».

« Les migrants arrivant aux frontières de l’Algérie sont abandonnés à 100 km de cette frontière. Ils marchent pendant 10 jours dans le désert nigérien du Ténéré avant d’arriver à In Guezzam [frontière algéro-nigérienne] dans des conditions désespérées », a-t-il expliqué à l’AFP.

Mais, « là l’OIM ne dit pas qu’elle ne fait rien pour les secourir. C’est l’Algérie qui leur apporte aide et assistance en leur distribuant des kits alimentaires et de l’eau », a-t-il ajouté.

Et lorsqu’ils sont « sur le chemin du retour vers les villes nigériennes d’Arlit et d’Agadez, c’est à l’OIM d’intervenir et non à l’Algérie ».

Selon M. Kacimi, l’Algérie a proposé à l’OIM d’installer un dispositif à Assamaka, ville nigérienne située à quelque 15 km de la frontière, pour secourir les migrants empêchés de rentrer en Algérie, mais « l’OIM est absente sur toute la ligne ».

Plus tôt dans la journée de vendredi, le ministre algérien de l’intérieur Noureddine Bedoui a dénoncé « une campagne de critiques non constructives et infondées ». L’Algérie « a toujours soutenu les migrants africains et n’a ménagé aucun effort, notamment au plan humanitaire, pour leur prêter aide et assistance », a-t-il déclaré à l’ouverture d’une réunion algéro-nigérienne centrée sur la coopération pour la sécurité aux frontières.

Pour démentir les accusations de mauvais traitements des migrants subsahariens, l’Algérie avait invité début juillet les médias à suivre l’expulsion de plus de 300 d’entre eux vers le Niger.