Vingt-quatre heures et des débats mouvementés au Sénat plus tard, l’Assemblée nationale a décidé de se saisir de l’affaire Benalla. Après les révélations du Monde sur ce collaborateur d’Emmanuel Macron filmé en train de frapper un manifestant en marge du défilé du 1er-Mai, les membres de la commission des lois ont voté, jeudi 19 juillet dans la soirée, pour pouvoir se doter des prérogatives d’une commission d’enquête. Pendant un mois, la commission va ainsi se doter des pouvoirs d’un commission d’enquête pour tenter de faire la lumière sur « les événements survenus à l’occasion de la manifestation parisienne du 1er mai 2018 ».

La décision de principe avait été prise plus tôt « sur proposition du président de l’Assemblée nationale et en accord avec les présidents de l’ensemble des groupes politiques » lors d’une réunion convoquée en urgence au Palais-Bourbon, après plusieurs heures chaotiques où l’affaire Benalla a parasité les débats sur la révision constitutionnelle, avec des demandes de commission d’enquête émanant de plusieurs groupes.

Collomb auditionné au Sénat en début de semaine prochaine

Du côté du Sénat, le président de la commission des lois, Philippe Bas (Les Républicains), a fait savoir que le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, serait auditionné en début de semaine prochaine. La commission, écrit M. Bas dans un communiqué, souhaite « entendre ses explications sur les conditions de la participation de M. Alexandre Benalla, alors chef adjoint du cabinet du président de la République, aux opérations de maintien de l’ordre lors des manifestations du 1er-Mai à Paris ainsi que sur la nature et le cadre institutionnel de la mission qu’il y assumait au nom de l’Etat en collaboration avec les forces de sécurité ».

La présidente du groupe parlementaire Communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE, à majorité communiste), Eliane Assassi, avait demandé plus tôt dans un courrier à M. Bas « en urgence, l’audition par la commission des lois de M. Collomb, afin de prendre connaissance de son analyse des faits précités ainsi que des conditions d’intervention des forces de l’ordre ».

Eclairer les moyens mis à disposition de M. Benalla

Pour M. Bas, qui a été secrétaire général de la présidence de la République sous Jacques Chirac, les faits révélés « sont d’une extrême gravité ». « Cette audition devra éclairer la représentation nationale sur les moyens mis à la disposition de M. Benalla par la préfecture de police et le concours qui a pu lui être apporté par les fonctionnaires de police pour l’exécution de sa mission, et le cadre juridique de cette coopération », déclare-t-il dans le communiqué.

De son côté, le chef de file des députés de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a proposé jeudi soir sur Twitter que les députés déposent une « motion de censure » du gouvernement :

Pour pouvoir être déposée, une telle motion devrait réunir 58 signatures, or le groupe des députés « insoumis » n’en compte que 17.