Affaire Benalla : la vidéo qui montre un collaborateur de Macron frappant un manifestant
Durée : 02:06

Une simple mise à pied de quinze jours et aucune plainte de l’Elysée. Depuis que Le Monde a révélé mercredi 18 juillet l’identité du conseiller d’Emmanuel Macron frappant un manifestant le 1er mai, des voix s’élèvent pour critiquer la réaction trop clémente de l’Elysée à son égard. Cet homme a été identifié comme étant Alexandre Benalla, chargé de mission et adjoint au chef de cabinet du président de la République. Une information confirmée par le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda.

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Le 1er mai, en marge des cortèges, une centaine de personnes s’étaient rassemblées pour manifester place de la Contrescarpe, dans le 5e arrondissement de Paris. La situation avait dégénéré, et une vidéo, largement partagée sur les réseaux sociaux, montrait un homme portant un casque s’en prendre violemment à un jeune homme à terre, entouré par des CRS.

Après avoir reconnu les faits devant Patrick Strzoda, qui en avait référé au président de la République, Alexandre Benalla s’était vu infliger, dans la plus grande discrétion, une simple sanction administrative : une mise à pied de quinze jours. L’homme, qui a depuis retrouvé un bureau à l’Elysée, est toujours chargé de mission auprès de la présidence de la République, mais il a été muté à des fonctions administratives puisqu’il s’occupe désormais officiellement de la sécurité d’événements organisés au palais de l’Elysée.

Le parquet de Paris a annoncé jeudi matin l’ouverture d’une enquête préliminaire sur les faits reprochés à Alexandre Benalla. L’enquête porte sur les chefs de violences par personne chargée d’une mission de service public, usurpation de fonctions et usurpation de signes réservés à l’autorité publique. Elle a été confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne.

Article 40 du code de procédure pénale

La droite, La France insoumise (LFI) et le Parti socialiste se sont toutefois étonnés que l’Elysée n’ait pas averti la justice de ces faits. Plusieurs politiques, dont le député LFI Eric Coquerel mais aussi le député Les Républicains Eric Ciotti, se sont étonnés que les membres du cabinet de l’Elysée ayant eu connaissance des actes de violence commis par M. Benalla n’aient pas informé le parquet au titre de l’article 40 du code de procédure pénale. Celui-ci prévoit en effet que « toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République ».

A l’Assemblée, Eric Ciotti a saisi l’occasion du débat actuellement en cours sur la révision constitutionnelle pour s’adresser au gouvernement sur ce point :

« Depuis le 1er mai, il aurait été possible d’activer l’article 40 du code de procédure pénale. Pourquoi le président qui avait connaissance de ces faits délictueux n’a pas saisi la justice ? C’est un fait qui porte atteinte au fonctionnement même de notre République. »

Cependant, explique au Monde une source judiciaire, les cas de non-dénonciation sanctionnés pénalement concernent uniquement les crimes ou les mauvais traitements sur personne vulnérable. Forcé de s’expliquer, l’exécutif s’est exprimé par la voix du porte-parole de l’Elysée, Bruno Roger-Petit, qui a assuré qu’Alexandre Benalla avait reçu « la sanction la plus grave jamais prononcée contre un chargé de mission travaillant à l’Elysée ».

Interrogé sur la menace supposée que cette affaire pourrait faire peser sur l’exemplarité de la République, jeudi, au cours de sa visite de la plateforme de courrier de Marsac-sur-l’Isle (Dordogne), près de Périgueux, Emmanuel Macron s’est borné à ce seul commentaire : « Non, la République elle est inaltérable ! »

Affaire Benalla : la vidéo qui montre un collaborateur de Macron frappant un manifestant
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