Affaire Benalla : la vidéo qui accuse
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Silencieux hier sur l’affaire, les députés La République en marche (LRM) commençaient à réagir vendredi matin à l’annonce par l’Elysée de la procédure de licenciement en cours d’Alexandre Benalla, placé en garde à vue à Paris dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte à la suite de la diffusion d’une vidéo le montrant frappant un manifestant en marge de la manifestation du 1er-Mai, saluant la décision de l’Elysée.

Matthieu Orphelin, député LRM du Maine-et-Loire, a écrit sur son compte Twitter que « c’était évidemment la seule issue possible. A la justice maintenant de faire son travail sur les faits extrêmement graves dont il est accusé ».

Le député LRM du Tarn, Philippe Folliot, affiche son « soutien total au président de la République ». « Quand le match devient difficile et que les coups pleuvent : solidarité sans failles avec le capitaine », écrit-il également sur Twitter.

Le collaborateur d’Emmanuel Macron est visé pour des faits de violences en réunion par personne chargée d’une mission de service public, d’usurpation de fonctions, de port illégal d’insignes réservés à l’autorité publique et de complicité de détournement d’images issues d’un système de vidéoprotection.

« C’est le cœur de l’Etat qui est atteint »

Parallèllement, c’est dans une grande tension que des députés des oppositions ont accusé vendredi Gérard Collomb de « mensonges », demandant que le ministre de l’intérieur, voire le premier ministre, vienne s’expliquer devant l’Assemblée.

A la reprise des travaux sur la révision constitutionnelle, ces élus ont réitéré cette demande après de nouvelles informations de presse faisant état du fait que M. Collomb était au courant des violences de M. Benalla dès le 2 mai. De plus, le patron des députés Les Républicains (LR) Christian Jacob a rapporté que des commissaires, dont un en lien avec l’Elysée, auraient transmis des images compromettantes de la vidéosurveillance, d’après Europe 1. « C’est le cœur de l’Etat qui est atteint. Nos travaux doivent cesser immédiatement, le premier ministre doit venir s’expliquer devant l’Assemblée nationale », a-t-il tonné.

« Nous exigeons la présence du ministre de l’intérieur, avant qu’il ne s’exprime une deuxième fois au Sénat », a aussi lancé Patrick Hetzel (LR), jugeant qu’« il (...) snobbe [l’Assemblée] ». Il y a « scandale d’Etat » et série de « mensonges », ont dénoncé ses collègues de droite.

Luc Carvounas (PS) a estimé qu’au minimum « il y a eu un mensonge par omission » de M. Collomb, car la police des polices avait déjà été saisie, alors que le ministre a laissé entendre jeudi que c’était nouveau.

« Qu’au plus vite le ministre de l’intérieur vienne. (...) Il y a une suite de mensonges », a renchéri Alexis Corbière (La France insoumise; LFI). « Par respect pour le Parlement, que le ministre vienne nous voir », a aussi plaidé Sébastien Jumel (Parti communiste français, PCF), obligé en attendant de « [s]e brancher » sur les médias.

Pour sa part, le chef de file des députés LRM Richard Ferrand a accusé les oppositions de « saboter cyniquement les travaux de l’Assemblée nationale ».

La ministre de la justice, Nicole Belloubet, seule représentante du gouvernement dans l’hémicycle, a renvoyé à la commission d’enquête parlementaire qui doit commencer ses travaux « dans les meilleurs délais ».