Alexandre Benalla maintient à terre le jeune manifestant place de la Contrescarpe à Paris, tandis qu'un homme filme la scène le 1er mai dernier. / Naguib-Michel Sidhom

Rien pour le moment n’avait filtré sur le profil de la jeune fille et du jeune homme que l’on aperçoit sur les vidéos de violence du 1er mai à l’origine de l’affaire Benalla. Elle, cheveux longs châtains, en pantalon noir et parka marron qu’Alexandre Benalla, un proche d’Emmanuel Macron chargé de sa sécurité, part chercher au fond de la Contrescarpe et qu’il conduit, manu militari, en l’entraînant sur plusieurs mètres, de l’autre côté de cette petite place du 5e arrondissement à Paris. Lui, en sweat et veste, traîné par les CRS, puis laissé au sol, avant que M. Benalla ne revienne vers lui et le moleste. En une semaine, l’affaire est devenue un scandale d’Etat.

Le couple s’est très vite reconnu lorsque Le Monde a révélé, mercredi 18 juillet, l’identité de l’homme casqué porteur des coups. Lundi 23 juillet, l’avocat de la jeune femme et du jeune homme a dit qu’il avait déposé la constitution de partie civile de ses clients, un peu plus tôt dans la journée, et que ces derniers réservaient leurs premièrs déclarations aux juges d’instruction. « Ils ne veulent surtout pas être embarqués par le tumulte médiatique et politique. L’affaire Benalla ne les concerne pas », a insisté Me Sahand Saber auprès du Monde.

L’avocat a tout de même accepté d’évoquer les raisons de leur présence dans le quartier Mouffetard ce soir-là, là où le Comité d’action interlycéen, proche de la mouvance autonome, avait donné rendez-vous pour « passer un moment convivial en partageant un apéro […] à la fin de la manif [du 1er Mai], vers 18 heures ». L’invitation avait été notamment relayée par le syndicat étudiant UNEF et par le parti La France insoumise (LFI).

« Résistance passive »

Selon Me Sahand Saber, le jeune couple, pas tout à fait 30 ans, « des jeunes insérés, qui travaillent », n’étaient ni des manifestants, ni des membres du black bloc, et n’étaient en aucun cas venus en découdre avec les forces de l’ordre. « C’étaient des badauds, des passants qui venaient prendre un verre et assister à une manifestation, explique-t-il. Ils voulaient voir à quoi ressemblait une charge de CRS. Mais la charge de CRS est tombée sur eux. » La jeune femme et le jeune homme se trouvaient à proximité d’un café. Ils ont alors eu « une réaction sanguine, irréfléchie, admet leur avocat. Lui a lancé une carafe d’eau sur les forces de l’ordre. Elle, ne se souvient plus très bien. Mais c’était un objet qui se trouvait sous la main ».

Naguib-Michel Sidhom, un photographe, ancien collaborateur du Monde et de l’AFP, qui vit à deux pas, avait dit, dimanche 22 juillet, à Francetvinfo, avoir été témoin de la scène. « L’ambiance sur la place était très bon enfant, très calme, très pacifique. Il n’y avait pas de slogan hargneux contre la police à cet endroit-là, a-t-il redit au Monde. Ce qui n’était pas le cas, à 200 mètres de là, dans le sud de la rue Mouffetard, et un peu plus loin, rue Lacépède, où c’était plus dur, plus violent. »

Relire notre article sur : ce que révèlent les violences du 1er-Mai

De sa fenêtre, le photographe a observé deux charges de CRS. Il était autour de 20 heures. La première ne concerne pas le jeune couple. Mais lorsque les CRS ont reculé, « le garçon les a pointés du doigt », poursuit-il. Les CRS se sont alors dirigés vers eux. On connaît la suite : la jeune femme est saisie par Alexandre Benalla, puis conduite de l’autre coté de la place. Son compagnon, « qui était, selon moi, dans une attitude de résistance passive », précise le témoin de la scène, a été dans un premier temps traîné par des CRS. Vincent Crase intervient lorsqu’il est au sol, sur le bord du trottoir. Puis, c’est au tour d’Alexandre Benalla d’arriver et de s’en prendre à lui alors qu’il est toujours à terre.

Naguib-Michel Sidhom, gêné par l’angle mort de sa fenêtre, n’a en revanche pas été témoin du moment où le jeune couple a lancé des objets contre les CRS.

Notre sélection d’articles sur l’affaire Benalla

Retrouvez nos principaux contenus liés à l’affaire Benalla, du nom de l’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron que Le Monde a identifié en train de molester un manifestant en marge des manifestations du 1er Mai.