🔴 Affaire Benalla : « des vigiles » dans la sécurité du président, affirme un syndicaliste
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Les syndicats policiers auditionnés mardi 24 juillet par la commission d’enquête du Sénat sur l’affaire Benalla ont dénoncé « la confusion des rôles, l’ambiguïté des fonctions » de l’ex-collaborateur du chef de l’État Alexandre Benalla.

« Il venait très souvent sur les services d’ordre, pour des debriefings. Les cadres de la préfecture de police le connaissaient comme une autorité », a assuré David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). « Tout commissaire que vous êtes : c’est le conseiller du président de la République... », a-t-il ajouté.

Garde du corps ou conseiller du chef d’Emmanuel Macron ? « La confusion des rôles, des missions, l’ambiguïté des fonctions de M. Benalla, nous posent de graves problèmes, notamment sur la lisibilité des instructions qu’il pouvait donner à nos collègues », s’est ému Olivier Boisteaux, président du Syndicat indépendant des commissaires de police (SICP) devant les sénateurs.

Des civils au sein du GSPR « employés par M. Benalla »

Le secrétaire général d’Unité-SGP, Yves Lefebvre, va plus loin au sujet de cette intervention de M. Benalla au sein de service de maintient de l’ordre :

« Il semblerait (...) qu’au sein du GSPR (groupe de sécurité de la présidence de la République), nous avions un groupe de personnels, hors police et hors gendarmerie, donc hors du champ de la mission régalienne de sécurité, qui étaient des civils et des privés. »

« J’emploie le terme de barbouzes, car ces gens-là n’ont aucune habilitation, ce ne sont ni plus ni moins que des vigiles, qui étaient employés manifestement par M. Benalla, dans le cadre de la protection de la présidence de la République. »

Interrogé sur ses « sources », le secrétaire général d’Unité-SGP évoque des « renseignements obtenus auprès de nos réseaux de délégués, de représentants locaux, au sein du service de protection des hautes personnalités ». Et d’ajouter :

« M. Benalla faisait régner la terreur au sein du GSPR. Il allait jusqu’à l’insulte à l’égard des gradés et gardiens de la paix. »

« Est-ce qu’il y a une défiance de la présidence de la République à l’égard des gens qui sont chargés de la sécurité du président de la République ? » questionne aussi M. Boisteaux. « Il faut que ce soit des fonctionnaires de police ou des personnels de gendarmerie qui puissent exercer la mission régalienne qui consiste à protéger nos chefs », insiste M. Le Bars.

Face à ces informations, le président de la commission des lois du Sénat, Philippe Bas a fait savoir que ces déclarations, « si elles étaient avérées », seraient « gravissimise » :

« On nous évoque la possibilité que des civils aient travaillé aux côtés, voire carrément dirigé la troupe d’élite chargée de la protection du PR. Si c’était avéré, ce serait une violation de l’Etat de droit. Nous allons enquêter là-dessus sans délai. »

Auditionné par la commission des lois du Sénat à ce sujet, Gérard Collomb a assuré qu’à sa « connaissance, il n’y a aucun vigile qui travaille au service du GSPR, qui est un service officiel » Il ajoute toutefois que « l’usage fonctionnel de ce service »  s’organise « au niveau de la présidence de la République ».

Relations « exécrables »

D’autres syndicats de police, à l’instar de Fabien Vanhemelryck, secrétaire général adjoint du syndicat de gardiens de la paix Alliance, ont évoqué les relations « exécrables » entre M. Benalla et les fonctionnaires de police sur le terrain.

« Il se comportait comme un cador. Il a été vu sur plusieurs opérations, plusieurs debriefings et plusieurs voyages présidentiels », a souligné le secrétaire général du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI), Jean-Marc Bailleul.

Au retour des Bleus, après leur victoire en finale de la Coupe du Monde, à Roissy lundi, M. Benalla aurait eu un comportement « autoritaire et déplacé » avec les gendarmes mais aussi les fonctionnaires de la police aux frontières, a abondé M. Le Bars qui relève également sa présence sur les cérémonies de panthéonisation de Simone Veil, le 1er juillet.