Podcast sur France Inter

Thierry Marx. / France Inter

Partir. Ou plutôt s’enfuir de cette cage d’escalier. Pour Thierry Marx, quitter la cité du Bois-l’Abbé n’était pas seulement son rêve d’adolescence, c’était surtout une nécessité pour tenter de faire quelque chose de sa vie. « Si je ne m’évadais pas, elle allait se replier sur moi », dit-il de sa voix chaude et rassurante. Avant de devenir un chef de renommée internationale, Thierry Marx a passé une partie de sa jeunesse dans une barre HLM à Champigny (Val-de-Marne) et en garde un souvenir mélancolique.

Au début des années 1970, ses parents avaient quitté le quartier parisien de Ménilmontant qu’il aimait tant pour aller s’installer, à son plus grand regret, dans un immense appartement, au troisième étage d’une tour froide posée au milieu d’un « no man’s land ». « C’est la fracture, l’école du deuil. Il faut prendre quatre autobus pour aller au château de Vincennes et encore dix stations de métro pour retourner dans mon quartier, raconte-t-il. Je le vivais comme une rupture. Je devais me faire une raison de quitter l’enfance. »

Sincérité et poésie

Dans sa chambre, il avait un ­convertible, un poster de La Grande Evasion (de John Sturges, 1963) avec Steve McQueen, des carburateurs de motos, un seul livre, L’Appel de la forêt, de Jack London (Le Livre de Poche, 1986), qu’il mettra du temps à lire. Et de sa fenêtre, avec des amis, « on regardait les lumières s’allumer et s’éteindre dans les différents appartements des tours qui étaient en face de notre propre tour et on imaginait la vie de ces personnes dans ces petites cases. Ça nous faisait bizarre, et on se disait : Non nous, on ne restera pas là », se souvient-il.

Au micro de Christine Gonzalez, le chef doublement étoilé a décrit sa « chambre d’ado » – nom de cette série d’été diffusée sur France Inter – et raconté son enfance avec sincérité et poésie. Il ne cache ni ses failles – ses échecs scolaires ou son côté bagarreur –, ni le « traumatisme » que lui a causé une conseillère d’orientation quand celle-ci lui avait assuré que l’école hôtelière n’était pas faite pour « des gens comme [lui] ».

Après Thierry Marx et la chanteuse Sheila (disponibles en podcast), d’autres personnalités comme l’humoriste Bérengère Krief ou encore la danseuse ­Marie-Claude Pietragalla vont se prêter à ce jeu, chaque dimanche, jusqu’au 26 août.

« Chambre d’ado » : Thierry Marx, adolescent : La Grande Evasion, de Christine Gonzalez (45 min). franceinter. fr