Au lendemain des révélations du Monde sur Alexandre Benalla, jeudi 19 juillet, la ministre de la culture tweete à 9 heures. « Toute la journée, les châteaux d’Europe vous invitent à partager vos souvenirs de visite avec le #PalaceDay : merci au château de Versailles d’y contribuer ! », écrit Françoise Nyssen. Samedi et dimanche, la ministre communique avec des photos d’elle au festival des Vieilles Charrues dans le Finistère. En quatre jours, rien sur ce qui est devenu « l’affaire Benalla ». Des messages déconnectés de l’actualité politique qui provoquent l’ironie des internautes.

Cet évitement en règle de la part de la plupart des ministres est en fait une stratégie : faire comme si de rien n’était et continuer à se montrer « au travail ». « On est centré sur nos sujets. On bosse. Vendredi, Stéphane Travert avait une réunion extrêmement importante avec des syndicats agricoles. Sur l’affaire, il n’y a pas de sujet pour nous. L’agenda n’a pas bougé », assure l’entourage du ministre de l’agriculture, non sans remarquer que « le fait qu’il n’y ait pas de consignes » de l’Elysée est peut-être aussi une partie du problème auquel est confronté l’exécutif depuis mercredi soir.

« Les ténors étaient tous planqués ! »

« Moment convivial à Aix-en-Provence avec les douaniers des brigades d’Aix et d’Avignon. Merci à toutes et tous pour votre accueil et le travail formidable que vous menez au quotidien contre le tabac illicite. » Le compte Twitter de Gérald Darmanin est aussi enthousiaste que la crise est grave. Quand il interrogé dans les médias sur l’affaire, le ministre répond, mais il a soigneusement évité de relayer ses interventions jusqu’au mardi 24 juillet, après une interview sur France Inter, comme pour montrer aux Français qu’il n’y a pas de sujet.

Encore moins diserts, les autres poids lourds du gouvernement se débrouillent pour aborder d’autres sujets dans la presse. Dans les colonnes du Journal du dimanche, le 22 juillet, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’éducation nationale, pose en tenant un maillot des Bleus et se félicite : « Notre système d’intégration fonctionne mieux qu’on ne le dit. » Silence radio sur la tempête qui secoue l’Elysée.

Lundi, Bruno Le Maire fait la « une » du journal La Croix. « J’appelle Donald Trump à la raison », exprime le ministre de l’économie, en déplacement au G20 en Argentine, sans un mot sur l’affaire qui agite le plus haut sommet de l’Etat. Une discrétion qui fait bondir certains députés de la majorité qui souhaiteraient « être un peu plus soutenus » alors qu’ils sont peu nombreux à écumer les plateaux de télévision.

« J’aurais aimé qu’il y ait une équipe soudée qui monte au créneau », confie ce parlementaire de La République en marche (LRM), très présent dans les médias depuis le début de l’affaire mais qui souhaite garder l’anonymat. « On attendait un peu de soutien, notamment de la part des ministres politiques comme Le Maire, Darmanin ou Lecornu », poursuit-il.

« Ils sont tous aux abris ! Où étaient leurs ténors ce week-end ? Ils étaient tous planqués ! », abonde Christian Jacob, le président du groupe Les Républicains de l’Assemblée nationale. Un député du groupe LRM, habituellement très présent à la télévision, le reconnaît : « Je me suis fait discret » Et Aurore Bergé, qui a pris sa part en se rendant sur les plateaux d’en conclure : « C’est sûr, c’est plus facile de commenter la victoire des Bleus ! »