A Mati, ravagée par les flammes, à l’est d’Athènes, mercredi 25 juillet. / THANASSIS STAVRAKIS / AP

Ce sont les feux les plus meurtriers du siècle, après ceux d’Australie en 2009. Sur la côte orientale d’Athènes, en Grèce, les secours s’organisent. Les pompiers poursuivaient, mercredi 25 juillet, les opérations de recherches alors que onze personnes restaient dans un état critique, sous assistance respiratoire. Dans la journée, le nombre de morts s’est alourdi à 80, avec le décès à l’hôpital d’un octogénaire.

Les pompiers continuent de ratisser le secteur, à la recherche d’éventuelles nouvelles victimes. Mais « ce n’est pas toujours possible d’entrer dans les maisons, a expliqué une des agentes de la protection civile, car certaines menacent de s’effondrer. »

Vu l’état des corps, dont l’identification sera longue, il est possible que « des disparus figurent parmi les 79 victimes découvertes », a précisé la porte-parole des pompiers, Stavroula Maliri. Dans l’attente, autorités et volontaires tentent de venir en aide aux sinistrés, qu’ils aient perdu des proches, leur maison ou leur emploi, parfois tout. Dans l’inventaire des dégâts, qui ne fait que commencer, on a déjà recensé plus de 300 maisons et magasins détruits ou sérieusement endommagés.

« Beaucoup de rescapés souffrent de stress post-traumatique », a expliqué un responsable du ministère de la santé, Theophilos Rozenberg. Le ministère a ouvert des cellules psychologiques mais aussi des équipes sanitaires, alors que l’alimentation en eau et en électricité reste coupée. Au gymnase de Rafina, transformé en centre de secours, l’élan de solidarité suscité par les événements fait affluer dès mardi nourriture, médicaments et vêtements, tandis que nombre d’entreprises et associations ont ouvert des comptes.

Mesures annoncées

Mais, passé le premier choc, la gestion de la catastrophe fait polémique. Le gouvernement, qui a déclaré un deuil de trois jours, a très vite assuré que toutes les familles seraient indemnisées, qu’il prendrait en charge les obsèques, et exonérerait les rescapés de la taxe foncière et du paiement de l’électricité pour 2018.

Mercredi soir, le porte-parole du gouvernement Dimitris Tzanakopoulos a fait savoir que les exonérations seraient de 10 000 euros pour la perte d’un proche parent, 5 000 euros pour une maison détruite. Il a également annoncé la prise en charge des orphelins et des dispositions ponctuelles allant jusqu’au rattrapage de points au concours universitaire pour les victimes. Un compte spécial sera par ailleurs ouvert aux dons, notamment étrangers, et abondé dans un premier temps à hauteur de 40 millions d’euros par l’Etat grec pour le réaménagement de la zone et autres actions de soutien.

« L’échec du gouvernement »

Le grand quotidien d’opposition Ta Nea n’en critique pas moins « l’incapacité (…) et l’échec du gouvernement à protéger ses citoyens à quelques kilomètres d’Athènes » et appelle à désigner les fautifs. De leur côté, les experts mettent en cause le manque de prévention et de sensibilisation des populations au risque, une des plaies chroniques du pays.

Le premier ministre, Alexis Tsipras, a très vite souligné à quel point le phénomène avait été « extrême », et M. Tzanakopoulos a mis l’accent sur la simultanéité lundi de « 15 départs de feu sur trois fronts différents » dans l’Attique. « On n’a pas eu le temps » de mettre en marche le plan d’évacuation, à cause de la vitesse du vent, a plaidé pour sa part un haut responsable de la protection civile auprès du quotidien Kathimerini.

Le commissaire européen Christos Stylianides, responsable de l’aide humanitaire, accouru mardi soir, a aussi mis en garde contre les retombées du changement climatique en Europe, relevant que la vague de feux sur le continent touche jusqu’à la Suède. Mercredi, l’Attique connaissait une accalmie des feux, avec comme seul front encore actif depuis lundi un incendie au-dessus de Kinetta, à 50 km à l’ouest d’Athènes.

La Grèce ravagée par des incendies meurtriers