Le ton est monté entre Yaël Braun-Pivet, présidente de la commission des lois, et son corapporteur Guillaume Larrivé, député LR. / LAURENCE GEAI POUR « LE MONDE »

Après avoir notamment regretté le refus, mercredi, de la présidente de la commission des lois et corapporteuse La République en marche (LRM), Yaël Braun-Pivet, d’accéder à ses demandes d’audition, le député Les Républicains (LR) Guillaume Larrivé, corapporteur, s’est dit « contraint », jeudi 26 juillet, de suspendre « sa participation » à la commission d’enquête, devenue « hélas qu’une parodie ». « Est-ce que l’Elysée souhaite torpiller les travaux de notre commission ? Je le crois, je le crains », a-t-il déclaré, avant d’accuser :

« Je pense qu’instruction a été donnée aux députés du groupe en marche de bâcler la préparation d’un vrai-faux rapport.
J’appelle une nouvelle fois la corapporteuse et les députés du groupe en marche à cesser de bloquer les travaux de la commission d’enquête dont les pouvoirs (…) expirent le 20 août. Il en va de la dignitié de l’Assemblée nationale, qui ne saurait être aux ordres de l’Elysée. »

La déclaration de M. Larrivé a été suivie de quelques applaudissements de la part des députés de l’opposition.

« Choquée »

« Choquée », Mme Braun-Pivet lui a ensuite répondu, répétant que « si la majorité n’avait pas souhaité cette commission d’enquête », celle-ci « n’aurait pas eu lieu ». Puis elle a réaffirmé fermement l’indépendance de sa commission, avant de clôturer la séance :

« Nous sommes un Parlement qui remplit ses missions de contrôle, nous ne recevons d’ordre de personne ! »

Avant la décision de M. Larrivé, le député de La France insoumise (LFI) Eric Coquerel avait critiqué une commission qui « tourne en rond » et incité la corapporteuse à démissionner, avant de suspendre sa participation et de quitter la salle.

« On peut être fiers de nos travaux »

Au sortir de la commission, Yaël Braun-Pivet a tenu à souligner le travail effectué :

« Cette commission a travaillé de façon très correcte, j’ai veillé à ce que toutes les oppositions puissent s’exprimer, que les députés non membres de la commission des lois puissent s’exprimer. Pendant les auditions, nos oppositions ont pu s’exprimer. Elles ne voulaient pas poser de questions, mais en faire une tribune médiatique. Moi, je crois que l’on peut être fiers de nos travaux. »

En revanche, la présidente de la commission a expliqué ne pas savoir si les travaux de la commission d’enquête pourraient se poursuivre après le départ du corapporteur.

De son côté, le député des Alpes-maritimes Eric Ciotti a abondé dans le sens de M. Larrivé, estimant lui aussi que la commission d’enquête est « une parodie », dont « l’objectif est d’étouffer la vérité » :

« Alors que le Sénat fait un traval très exhaustif, l’Assemblée nationale est contrainte par une volonté de l’Elysée. Les auditions ont été orientées. La commission est un échec total, parce qu’elle n’est pas libre, elle est bridée dans son fonctionnement. Elle n’a pas pu travailler parce que le groupe En marche n’a pas voulu qu’elle fonctionne. »

Une ambiance déjà électrique mercredi

Mercredi, l’ambiance au sein de la commission d’enquête était déjà électrique. Les députés de l’opposition, toutes couleurs politiques confondues, s’en sont directement pris à Mme Braun-Pivet pour avoir mis aux voix la liste des prochaines auditions, décidée par son groupe et annoncée une heure avant, lors d’une conférence de presse surprise, sans consulter l’opposition.

A la sortie de la commission d’enquête, des députés d’opposition avaient dénoncé une « mascarade », s’applaudissant les uns les autres pour défendre « les droits du Parlement ». De son côté, Guillaume Larrivé avait déjà dénoncé : « Notre commission est entravée par la volonté d’un homme : Emmanuel Macron, et par ses relais à l’Assemblée nationale aux ordres de l’Elysée. » Avant de « donner vingt-quatre heures à la corapporteuse pour se ressaisir ».

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