Donald Trump a annoncé jeudi 26 juillet d’« importantes sanctions » contre la Turquie si elle ne libère pas « immédiatement » un pasteur américain jugé pour terrorisme, au risque d’envenimer des relations déjà tendues avec Ankara, qui a rejeté des menaces « inacceptables ».

Pour le président des Etats-Unis, le pasteur Andrew Brunson, « un formidable chrétien et père de famille », « souffre beaucoup ». « Cet homme de foi innocent doit être libéré immédiatement », a-t-il réclamé sur Twitter après avoir déjà dénoncé la semaine dernière une « honte totale » lorsqu’un tribunal turc avait décidé de le maintenir en détention provisoire durant son procès, en cours depuis le printemps.

Mercredi, un autre tribunal a finalement décidé de placer en résidence surveillée cet homme qui est incarcéré depuis octobre 2016 en Turquie.

Le vice-président américain, Mike Pence, s’est, lui, directement adressé au chef de l’Etat turc, Recep Tayyip Erdogan : « Libérez le pasteur Andrew Brunson ou soyez prêts à en payer les conséquences. (…) Si la Turquie ne prend pas des mesures immédiates pour libérer cet homme de foi innocent et le renvoyer chez lui en Amérique, les Etats-Unis imposeront des sanctions significatives contre la Turquie jusqu’à sa libération. »

Ankara rejette l’« ordre » américain

Le pasteur Brunson, qui risque jusqu’à trente-cinq ans de prison, est accusé par les autorités turques de terrorisme et d’espionnage pour le compte de deux organisations qu’elles considèrent comme leurs bêtes noires : le réseau du prédicateur Fethullah Gülen auquel Ankara impute, malgré ses dénégations, le putsch manqué de juillet 2016, et les séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

L’administration américaine « doit comprendre qu’elle ne peut pas obtenir le résultat souhaité en menaçant la Turquie », a prévenu la présidence turque. « Personne ne peut donner d’ordre à la Turquie. Nous ne tolérerons jamais les menaces de qui que ce soit », a dit pour sa part le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, qui s’est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Mike Pompeo.

La Turquie fait régulièrement de l’extradition de Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis, une condition du rapatriement d’Andrew Brunson, mais l’administration états-unienne refuse officiellement de lier les deux affaires.

Mike Pence a affirmé à la fille du pasteur, présente à la réunion de jeudi au département d’Etat américain : « Je vous promets (…) que le président Trump et moi-même continuerons de nous battre pour obtenir la libération complète de votre père. »