Michael Cohen avait dit par le passé être prêt « à prendre une balle » pour Donald Trump. L’ancien avocat de celui qui n’était pas encore président des Etats-Unis a fait savoir qu’il ne voulait plus « jouer les punching-ball ». Ainsi, Michael Cohen, qui a arrangé les différents « coups » du président, notamment en achetant le silence des femmes avec lesquelles il aurait eu des liaisons, balance.

Ainsi, les médias ont diffusé cette semaine des enregistrements de conversations entre MM. Trump et Cohen ayant eu lieu deux mois avant l’élection de 2016. Il y est question d’acheter le silence de Karen McDougal, playmate de l’année 1998 du magazine Playboy, qui voulait vendre ses mémoires sur sa relation « romantique de dix mois en 2006 et 2007 » avec Donald Trump.

Elle a aussi accusé M. Trump d’avoir voulu lu donner de l’argent après leur première relation sexuelle. Mercredi 25 juillet, le président a réagi furieux : « quel genre d’avocat enregistrerait son client. C’est si déplorable ! ». M. Cohen avait semble-t-il l’habitude d’enregistrer ses conversations plutôt que de prendre des notes.

Le spectre de l’ingérence russe

Surtout, M. Cohen a tenté de mouiller M. Trump dans l’enquête du procureur spécial Robert Mueller. Celui-ci cherche à savoir s’il y a eu collusion entre les équipes de campagne de Trump et les Russes pour dénigrer la candidate démocrate Hillary Clinton.

Une réunion intéresse particulièrement les enquêteurs, celle de Donald Trump Junior, fils du président, et de son gendre Jared Kushner le 9 juin 2016 à New York à la Trump Tower. Trump junior avait été appâté par un intermédiaire pour rencontrer une avocate russe, Natalia Veselnitskaya ayant prétenduement des informations contre Mme Clinton. Les équipes Trump se sont par la suite défaussées, assurant que cette rencontre n’avait rien donné et que l’avocate n’était pas du gouvernement russe, mais la révélation de son existence à l’été 2017 avait provoqué la sidération à Washington, contraignant Trump junior à être interrogé devant le congrès.

La nouveauté est que Michael Cohen accuse Donald Trump d’avoir été au courant en amont de la proposition. Il affirme même qu’il était avec le candidat à la présidentielle quand il a donné son feu vert à la rencontre.

Un revirement plus affectif que stratégique

« Je ne savais RIEN de la rencontre avec mon fils Don Jr », a riposté le président vendredi sur Twitter, accusant son ancien avocat « d’inventer des histoires ». L’ancien maire de New York et avocat du président, Rudolf Giuliani est monté au front sur les plateaux de télévision, reprochant à Cohen de « mentir depuis des années ».

Selon la presse américaine, M. Cohen n’aurait pas de preuve pour étayer ses propos mais serait prêt à répéter ses accusations devant le procureur Mueller.

Le changement de tactique de l’ancien avocat serait affectif plus que stratégique. Il n’aurait pas supporté de se sentir « lâché » par M. Trump dans la foulée de la descente du FBI dans ses bureaux en avril pour fraude bancaire et manquement aux règles de financements des campagnes électorales. Donald Trump, lui, ne cesse de dénoncer une « chasse au sorcières ».