Des images de l’incendie à Issy-les-Moulineaux, qui bloque la gare Montparnasse, à Paris
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Après un vendredi 27 juillet des plus éprouvants pour les voyageurs de passage par la gare Montparnasse, à Paris, il faudra encore s’armer de patience samedi. Très perturbé vendredi, à la suite d’un incendie sur un poste électrique de RTE, le trafic devrait continuer à l’être samedi, laissant augurer un week-end difficile pour les voyageurs, en plein chassé-croisé estival.

Pour la journée de samedi, la SNCF s’engage à faire circuler « au moins » 70 % des 180 TGV prévus au départ de Montparnasse, a déclaré sur BFM-TV le directeur général adjoint de la SNCF, Mathias Vicherat. La SNCF remboursera 100 % du prix des billets au-delà de trois heures de retard.

Après une interruption totale en fin de matinée vendredi, le trafic a repris très partiellement en début d’après-midi avec trois trains au départ et trois trains à l’arrivée par heure gare Montparnasse, a indiqué le PDG de SNCF Réseau Patrick Jeantet lors d’un point presse.

Face aux fortes perturbations, la SNCF conseille à ses clients qui le peuvent de reporter leur voyage.

Vendredi vers 11 h 30, un transformateur électrique de RTE à Issy-les-Moulineaux a pris feu, coupant l’alimentation des stations électriques de la SNCF, y compris de secours, a expliqué M. Jeantet. L’alimentation électrique « ne pourra être rétablie totalement » vendredi, a annoncé RTE en fin de journée.

Ses équipes travaillaient toujours dans la soirée à un « plan d’actions exceptionnel » pour mettre en place une solution technique provisoire afin de rétablir l’alimentation électrique de la gare, et vers 22 h 30, 13 500 foyers étaient toujours sans courant, selon RTE.

« Rageant » pour ceux qui n’ont qu’une semaine de vacances

« C’est rageant, c’est le flou total », déplore auprès Eva Basin, parisienne de 42 ans, qui devait partir pour Quimper. / GERARD JULIEN / AFP

« C’est rageant, c’est le flou total », déplore auprès Eva Basin, parisienne de 42 ans, qui devait partir pour Quimper. « On me conseille de reporter mon billet, mais je n’ai qu’une semaine de vacances !, ajoute-t-elle. Demain tous les trains seront complets. Je vais essayer de prendre un bus ».

La SNCF a mis en place un plan d’alimentation électrique alternative de la gare, permettant de faire circuler une partie des trains.

Si le départ des TGV vers la Bretagne et les Pays de la Loire reste à Montparnasse, ceux en provenance ou à destination du Sud-Ouest sont redirigés vers la gare de Paris-Austerlitz. Les TGV à destination de Tours et Poitiers sont supprimés, les voyageurs sont invités à utiliser les trains Intercités depuis Austerlitz.

Les orages en plus

Des voyageurs prennent leur mal en patience à la gare Montparnasse, le 27 juillet. / GERARD JULIEN / AFP

Par ailleurs, en fin de journée vendredi, les orages ont entraîné des problèmes d’alimentation électrique qui perturbaient la circulation dans les gares parisiennes de l’Est et du Nord, selon la SNCF. Les orages ont perturbé la circulation sur plusieurs lignes de RER et Transilien.

Ainsi une chute de la foudre sur des installations dans le secteur de Versailles a contraint la SNCF à interrompre la circulation en fin de soirée sur une partie du RER C et de la ligne N du transilien ainsi que sur la totalité de la ligne U, selon le site internet SNCF Transilien. Sur les lieux de l’incendie à Issy-les-Moulineaux, le sinistre a été circonscrit.

Dans l’allée principale de la gare Montparnasse, des voyageurs faisaient la queue dans l’après-midi devant des chariots où des employés de la SNCF distribuent des bouteilles d’eau en cette période de canicule.

Regroupés autour d’un agent SNCF, les voyageurs espèrent trouver des réponses. « Mon train est supprimé ! je fais quoi ? » s’exclame une voyageuse. L’agent, confus, lui indique que « la majorité des trains sont reportés à la gare d’Austerlitz ». « C’est pas marqué pour mon train », lui répond la voyageuse, visiblement agacée.

L’an dernier, déjà à la gare Montparnasse, le trafic avait été paralysé ce même week-end de chassé-croisé en raison d’une panne de signalisation. Après trois jours de grandes perturbations et des dizaines de milliers de passagers affectés, le réseau vieillissant avait été pointé du doigt.

En décembre 2017, un bug informatique sur un poste d’aiguillage avait laissé des milliers de voyageurs sans transport à Montparnasse. En mai 2016, une double panne avait fortement perturbé le trafic dans cette même gare.

Lourdes pertes à la SNCF au premier semestre en raison des grèves

La SNCF a subi une perte nette de 762 millions d’euros au premier semestre, a-t-elle annoncé vendredi 27 juillet. Le chiffre d’affaires semestriel est en baisse de 3,3 % à 16,1 milliards d’euros, mais « sans les jours de grève, l’activité serait en croissance d’environ 4 % », a précisé le groupe ferroviaire dans un communiqué en référence au mouvement social contre la réforme féroviaire au printemps.

« Les chiffres annoncés étaient prévisibles », a estimé la ministre des transports Elisabeth Borne en marge d’une visite à Calais. « Nous savions que le conflit allait être pénalisant pour l’entreprise mais aussi (pour) notre clientèle et les voyageurs. »

« La SNCF doit reprendre la voie du développement et repartir sur de bonnes bases dans la sérénité », a-t-elle ajouté.

L’impact négatif de la grève est estimé par le groupe à 790 millions d’euros. Il avait été révélé la semaine dernière. Le coût de la grève a pu être « en partie compensé par les gains de productivité » évalués par la SNCF à 330 millions d’euros. Au premier semestre 2017, la SNCF avait affiché un bénéfice net de 119 millions d’euros. « L’année [avait] commencé de manière très dynamique », selon la SNCF. En particulier, le trafic TGV a augmenté de 9,6 % au premier trimestre.

La réforme ferroviaire a par ailleurs eu un impact comptable sur les résultats des différentes branches du groupe SNCF, ce qui l’a conduit à revoir ses perspectives financières pour la période 2018-2028. SNCF Mobilités, qui regroupe les activités de transport de voyageurs et de logistique du groupe, affiche ainsi un bénéfice net de 3,2 milliards d’euros