Des usagers attendent sur un quai TGV de la gare Montparnasse, vendredi 27 juillet, à la suite de l’incendie d’un poste électrique, à Issy-les-Moulineau (Hauts-de-Seine), alimentant cette gare. / GERARD JULIEN / AFP

Comment une panne électrique peut-elle à ce point paralyser une gare ferroviaire aussi importante que Montparnasse, à Paris ? L’incendie survenu dans un poste électrique à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) vendredi 27 juillet a plongé des dizaines de voyageurs dans l’incertitude. Et a provoqué une crise entre deux opérateurs publics majeurs, la SNCF et Réseau de transport d’électricité (RTE).

  • Quand le courant sera-t-il rétabli ?

Les trains, et particulièrement les TGV, ont besoin de beaucoup d’électricité pour circuler. En perdant son poste électrique principal, la gare Montparnasse se trouve amputée de l’une de ses principales sources d’énergie. Avec le peu d’électricité dont elle dispose, la SNCF ne peut assurer le départ et l’arrivée que de cinq trains par heure au lieu de douze habituellement.

Or le rétablissement complet du poste électrique prendra « plusieurs mois » compte tenu de la violence de l’incendie qui a ravagé le poste électrique. L’ampleur des dégâts nécessite de mettre en place une solution technique provisoire pour assurer l’alimentation de la gare. Les travaux devraient être finis lundi matin, selon RTE, mais il faudra ensuite conduire des tests de vérification.

« Si ces tests sont concluants, nous pourrons rétablir l’alimentation lundi après-midi, a déclaré dimanche soir, le président de RTE, François Brottes, lors d’un point presse. S’ils ne le sont pas, nous pourrons la rétablir mardi en fin de journée. »

De son côté, la SNCF se montre prudente et affirme qu’elle maintient son dispositif de crise jusqu’à avoir la certitude d’un retour à la normale.

  • Quand les trains circuleront-ils normalement ?

Mais même avec un retour à la normale, les difficultés ne sont pas terminées pour les voyageuses et les voyageurs. La crise a conduit à mettre en attente un certain nombre d’opérations de maintenance des TGV, qui devront obligatoirement être réalisées lorsque la situation le permettra.

« Tant que RTE n’a pas trouvé de moyens alternatifs d’alimenter l’atelier de Châtillon, le parc TGV se réduira : on ne pourra pas rouler, pour des questions de sécurité », a ainsi expliqué au JDD Mathias Vicherat, directeur général adjoint du groupe SNCF.

En clair : les conséquences ne seront pas résorbées rapidement. Les difficultés de circulation pourraient donc se poursuivre encore plusieurs jours.

Initialement, RTE n’espérait pas rétablir le courant pleinement avant jeudi. Mais l’opérateur a réussi à installer deux équipes de techniciens dans la galerie de câbles plutôt qu’une et a finalisé les soudures de câbles dès dimanche, a expliqué Patrick Bortoli, directeur de la maintenance, dimanche soir. Cela qui a donc permis d’accélérer les travaux.

  • Pourquoi la gare Montparnasse dépend-elle à ce point de ce poste électrique ?

C’est l’une des questions auxquelles devra répondre le rapport commandé par la ministre des transports, Elisabeth Borne. Pour la SNCF, la responsabilité est clairement dans le camp de RTE : « Nous sommes victimes, les usagers et nous, de l’incendie d’un transformateur qui n’a rien à voir avec la SNCF, qui appartient à RTE », a souligné samedi Guillaume Pepy, le patron de la SNCF.

La compagnie ferroviaire va plus loin en accusant RTE de ne pas avoir respecté son contrat. Et notamment de ne pas avoir mis en place une solution de secours en cas de coup dur. « Nous ne comprenons pas, a expliqué Claude Solard, directeur général délégué de SNCF Réseau dans le Journal du dimanche. Vu la situation névralgique de la gare, nous avons bâti trois circuits d’alimentation indépendants, alors qu’un seul suffit. (…) Il se trouve que, plus loin, RTE a branché ces trois circuits à une seule et même installation. » En clair, les installations de secours dépendaient également du poste électrique victime de l’incendie.

« Les investigations sont en cours, mais ses conséquences révèlent une manifeste fragilité dans l’alimentation de substitution de la gare Montparnasse par RTE », ont déploré dans un communiqué commun Elisabeth Borne et Nicolas Hulot, le ministre de la transition écologique et solidaire.

« Je comprends qu’on soit exaspéré, a reconnu M. Brottes, dimanche soir, sur BFM-TV, le patron de RTE. Les secours pour l’alimentation étaient dans le périmètre du même poste, c’est un peu comme quand vous avez la nationale 7 à côté de l’autoroute A7. Quand vous avez un incendie qui coupe la circulation sur les deux, il faut se dire qu’il faut peut-être faire évoluer le périmètre. »

« On assume notre responsabilité », a ajouté M. Brottes, qui s’est engagé à indemniser la SNCF, une demande formulée samedi par M. Pepy.