Agnès Buzyn et son mari, Yves Lévy, assistent au défilé militaire du samedi 14 juillet 2017, sur les Champs Elysées à Paris - 2015©Jean-Claude Coutausse / Divergence pour Le Monde / JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

Le président de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), Yves Lévy, mari de la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a retiré lundi 30 juillet sa candidature à un nouveau mandat à la tête de cet organisme public de recherche médicale. Une décision dont Matignon a « pris acte », ajoutant que M. Lévy « sera prochainement appelé à d’autres fonctions ».

Ce départ ne sera pas immédiat, puisque le professeur Lévy, 60 ans, reste jusqu’à nouvel ordre « en charge de l’intérim à la tête de l’Inserm », ont souligné les services du premier ministre. Il assure cet intérim depuis l’expiration le 12 juin de son mandat de quatre ans.

L’Inserm a fait savoir dans un communiqué que M. Lévy avait « adressé ce jour à l’ensemble des personnels de l’Inserm un message expliquant sa décision », sans en révéler la teneur.

Critiques

Le professeur Lévy, chercheur et médecin, a d’abord tenté de rester, puis a préféré partir de lui-même devant l’embarras que sa possible candidature suscitait au sein du gouvernement, partagé entre les états de service satisfaisants de ce haut fonctionnaire et les soupçons de conflits d’intérêt dont il faisait l’objet.

Le maintien de M. Lévy à ce poste prestigieux, après la nomination de Mme Buzyn au gouvernement en 2017, et l’hypothèse de sa reconduction pour un nouveau mandat de quatre ans ont valu des critiques à la ministre et au gouvernement.

Des critiques infondées, selon Mme Buzyn, qui a plusieurs fois rappelé que la cotutelle (avec le ministère de la recherche) de l’Inserm lui avait été retirée par décret dès mai 2017, au profit du premier ministre. D’autre part, elle a assuré « ne pas [s]’impliquer dans la carrière de [son] mari », ni en le conseillant ni en le favorisant.

« Le gouvernement rappelle que l’ensemble des procédures permettant d’éviter tout conflit d’intérêt entre l’Inserm et la ministre des solidarités et de la santé ont été mises en œuvre de façon continue depuis mai 2017 », ont insisté les services du premier ministre.

Relance du processus de recrutement

« Le processus de recrutement du PDG de l’Inserm sera relancé dans les prochaines semaines », a ajouté Matignon. Il avait déjà commencé, puisque des candidats avaient été entendus le 21 juin à huis clos par une commission ad hoc.

Les noms de ces candidats ne sont pas révélés, conformément à la réglementation, pour permettre d’attirer les meilleurs postulants. Seuls deux ont choisi jusqu’ici de rendre publique leur candidature : Jessica Zucman-Rossi (Inserm, université Paris-Descartes) et Philippe Froguel (CNRS, université de Lille et Imperial College de Londres).

Ce dernier s’est montré surpris que le gouvernement reparte de zéro. « Incroyable : le retrait de la candidature du PDG de l’Inserm à sa propre succession s’accompagne de l’abandon de l’appel à candidature actuel », a-t-il écrit sur Twitter.