Documentaire sur Sundance TV à 20 h 35

Gore Vidal: The United States of Amnesia Official Trailer (2014) - Gore Vidal Documentary HD
Durée : 02:07

L’écrivain et scénariste Gore Vidal (1925-2012) fut, pendant quelque soixante ans, le poil à gratter de son pays natal, qu’il surnommait volontiers « l’empire américain ». La dimension homosexuelle, mais non tragique, de son deuxième roman, Un garçon près de la rivière (1948), fit scandale. Mais ce fut un succès de librairie, comme la plupart de ses nombreux essais et romans historiques. Doué d’un intellect particulièrement affûté et d’un sens de la formule qui fait mouche, le hardi libre-penseur qu’était Vidal fut bientôt l’invité fréquent des talk-shows américains. L’une de ses formules les plus célèbres était d’ailleurs : « Je ne refuse jamais une occasion de faire l’amour ou de passer à la télévision. »

Scénariste pour la télévision et le cinéma (Ben Hur, en 1959), il fraie également avec les milieux politiques progressistes et se présente même sous la bannière démocrate aux élections pour le Congrès puis le Sénat, qu’il perd chaque fois.

Proche de J.F. Kennedy, il gardera pourtant de lui un souvenir amer : « Cela m’a appris à ne jamais plus me laisser séduire par le charme de quelqu’un. Kennedy en avait beaucoup, il était très intelligent, mais il a été le plus désastreux des présidents que nous ayons eus. »

Gore Vidal, « combattant heureux » / Sundance TV

Gore Vidal brocarde le puritanisme, la ségrégation, les guerres et la bêtise du pouvoir (Reagan, Bush père et fils) : « Les Etats-Unis ont été fondés par les gens les plus intelligents qui soient mais qu’on n’a depuis plus jamais revus. »

Même l’élection de Barack Obama lui suggère de la méfiance : les hommes politiques parvenus au pouvoir dans ce pays « à l’idéal démocratique perdu » sont forcément des vendus aux puissances de l’argent. Urticant un jour, urticant toujours…

En introduction et en conclusion de l’excellent documentaire de Nicholas Wrathall, on voit Gore Vidal sur la tombe de son compagnon où il a aussi fait graver « Gore Vidal : 1925 - », laissant vacante la date de sa mort.

Questionné sur sa postérité, ­Vidal avoue « s’en moquer éperdument. » Mais le dernier mot de ce « combattant heureux » sera : « Je vous avais prévenus… » L’on n’ose imaginer quels propos rageurs lui auraient inspiré Donald Trump…

Gore Vidal : The United States of Amnesia, de Nicholas Wrathall (EU, 2013, 90 min).