Le 27 juillet, le trafic a été interrompu à la gare Montparnasse à la suite de l’incendie d’un poste électrique situé à Issy-les-Moulineaux, près de la gare parisienne. / GERARD JULIEN / AFP

L’incendie survenu dans un poste électrique à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), qui alimente la gare Montparnasse, vendredi 27 juillet, a plongé des milliers de voyageurs dans l’incertitude. Lundi soir, le Réseau de transport d’électricité (RTE) a annoncé que le courant était de retour à la gare parisienne, après quatre jours de polémique. Mais, derrière les difficultés pour les voyageurs, une autre crise s’est jouée entre deux opérateurs publics majeurs, la SNCF et RTE.

Dès samedi, le président de la SNCF, Guillaume Pepy, n’a pas caché son agacement : « Nous sommes victimes, les usagers, et nous-mêmes, d’un incendie qui a eu lieu sur un transformateur, qui n’a rien à voir avec la SNCF, qui est un transformateur de la société RTE », a-t-il rappelé, en demandant des indemnisations.

Pendant le week-end, les cadres de la SNCF n’ont pas lésiné sur leurs critiques à l’encontre de RTE, accusant la filiale d’EDF de ne pas avoir respecté son contrat. Et notamment de ne pas avoir mis en place une solution de secours en cas de coup dur. Claude Solard, directeur général délégué de SNCF Réseau, explique ainsi que le groupe a bâti trois circuits d’alimentation indépendants, mais que « RTE a branché ces trois circuits à une seule et même installation ». En clair, le dispositif de secours dépendait également du poste électrique victime de l’incendie.

Sentiment d’être accusé à tort

Une analyse relayée par la ministre des transports, Elisabeth Borne, qui a souligné « une manifeste fragilité dans l’alimentation de substitution de la gare Montparnasse par RTE », dans un communiqué.

« Je comprends qu’on soit exaspéré, a reconnu le président de RTE, François Brottes, qui a joué profil bas dimanche soir, sur BFM-TV. Les secours pour l’alimentation étaient dans le périmètre du même poste, c’est un peu comme quand vous avez la nationale 7 à côté de l’autoroute A7. Quand vous avez un incendie qui coupe la circulation sur les deux, il faut se dire qu’il faut peut-être faire évoluer le périmètre. »

« On assume notre responsabilité », a ajouté M. Brottes, qui s’est engagé à indemniser la SNCF, conformément au contrat qui lie les deux entreprises.

Mais le sentiment d’être accusé à tort prédomine chez la filiale d’EDF. En effet, la SNCF exploite son propre réseau électrique et connaît parfaitement le dispositif technique. Surtout, rappelle-t-on chez RTE, les clients industriels définissent eux-mêmes les dimensions de leurs besoins électriques et peuvent choisir de disposer d’un autre poste de secours. « C’est une option que nous proposons, a détaillé M. Brottes, dans Le Parisien mardi matin. Certains clients font ce choix-là, c’est au client d’en avoir l’exigence. »

L’enjeu est le montant de l’indemnisation

Autrement dit : « Quand on veut des alimentations électriques supplémentaires, il faut les payer et les demander, c’est comme ça que ça marche », explique Jean-Louis Maury, délégué syndical central CGT chez RTE, qui souligne que « les alimentations de la gare sont comme cela depuis très longtemps, personne ne peut dire qu’il ne savait pas ».

Une analyse fermement démentie par la SNCF, qui assure avoir bien prévu de la redondance de son côté.

« C’est de la gesticulation de patrons qui veulent détourner le feu de chez eux », souligne M. Maury, de la CGT, qui note que « le vrai sujet pour eux, ce sera le montant de l’indemnisation et qui va la payer ». Dans un communiqué, Jean-François Carenco, le président de la Commission de régulation d’électricité (CRE), a d’ailleurs souligné que le supplément de coûts pour assurer des redondances de sécurité « ne saurait être systématiquement à la charge du consommateur d’électricité ».

La mobilisation des agents de RTE a permis de rétablir dès lundi soir l’alimentation électrique de la gare, alors que les premières prévisions parlaient de jeudi. Mais, même avec un retour à la normale, les difficultés ne sont pas terminées : en raison du report de nombreuses opérations de maintenance, la SNCF a annoncé que les deux tiers du trafic seront assurés mardi à Montparnasse, mais que le retour à la normale ne devrait pas intervenir avant vendredi.