A la Mongie, le 26 juillet 2018, bain de foule du président Emmanuel Macron a l'issue de sa visite au Pic du Midi, en pleine affaire Benalla. / VINCENT NGUYEN / RIVA PRESS POUR LE MONDE

La presse locale a observé – avec intérêt, amusement ou dédain – les débats qui ont entouré les deux motions de censure proposées au vote des députés, mardi 27 juillet, à l’Assemblée nationale. Des motions nées de l’affaire Benalla et rejetées, sans surprise, par une majorité de parlementaires.

Pour L’Union de Reims, le coup d’essai est raté pour l’opposition qui n’a pas atteint son but.

« Si Macron était visé, sachant que nul ne peut aller le chercher, selon ses mots, sur le terrain de la responsabilité pénale, c’est le premier ministre qui a essuyé le feu d’une motion pointant non pas sa politique mais les errements d’un proche du président plus boxeur que conseilleur. On voulait démontrer que la république est en danger, ce que personne ne croit et ne voit, alors qu’il suffisait de montrer que la Macronie aussi possède ses marécages... »

Même sentiment du côté du Républicain Lorrain, pour qui l’affaire Benalla met surtout en lumière « l’extraordinaire impuissance du Parlement face à l’exécutif ».

« Rien ne permet, dans l’arsenal des Institutions, “d’aller chercher” un président pourtant passé publiquement aux “aveux”. Un état de fait qui est finalement beaucoup plus inquiétant que les agissements d’un garde du corps qui rêvait de faire des heures sup dans la police... »

La Presse de la Manche reconnaît les talents d’orateur de Jean-Luc Mélenchon mais pour le quotidien, « ce qui restera c’est peut-être la manifestation d’une majorité solidaire et engagée, applaudissant un Richard Ferrand plus combatif et plus incisif qu’à l’ordinaire. »

Impact incertain sur l’image du président

La presse s’accorde sur le fait que l’image du président est écornée. Pour L’Alsace, l’affaire Benalla est « de nature à instiller le doute chez ceux qui croyaient à l’ouverture d’une nouvelle ère politique en France avec ce jeune président qui, pour le coup, a ressorti les vieilles ficelles. »

Dans L’Est Républicain, Philippe Marcacci estime qu’« au moment de boucler l’exercice, ce long feuilleton laisse un bien mauvais goût dans la bouche. L’état de grâce, ou du moins de bienveillance, est derrière nous. Plus que les faits, la gestion de la crise interroge sur une présidence jupitérienne bien moins exemplaire qu’elle ne le prétend. »

Le Journal de la Haute-Marne note de son côté :

« Du côté du gouvernement, on soutient mordicus que les Français - les électeurs donc - ne veulent plus entendre parler de cette affaire Benalla. Chez LR ou les Insoumis, on promet qu’au contraire ils sauront s’en souvenir. A suivre. »

Certains d’éditorialistes ont eu le sentiment d’assister à une pièce de théâtre. Ainsi, pour le Courrier picard :

« On nage en plein vaudeville dans cet opéra de quat’sous. Les portes claquent, les auditionnés d’un jour revoient leur copie le lendemain, le ministre de l’Intérieur ne sait rien, le président parle entre amis. Il faut venir le chercher, dit-il. Mais on n’entre pas comme ça à l’Élysée. Tout le monde n’est pas Benalla. Édouard Philippe l’a dit hier en substance : Benalla a dû être manipulé par Jacob et Mélenchon. Un instrument. »

Ecran de fumée

Résultat ? Pour Midi Libre, le pays vient d’assister à « une séquence importante pour le microcosme politique, beaucoup moins sans doute pour le citoyen lambda qui use les flashs sur les routes et dont le pouvoir d’achat n’a pas tendance à franchement retrouver la forme ». En somme, un feuilleton qui aura servi à masquer les enjeux politiques bien réels des réformes en cours ou à venir.

C’est le sentiment de Denis Daumin, dans La Nouvelle République du Centre-Ouest :

« Le locataire de Matignon laisse passer les salves et renvoie la balle, ailleurs, très loin du terrain, hors jeu. Un nouvel écran de fumée dans cette affaire Benalla qui, à bien des égards, fut un feu d’artifices, au sens premier du mot. »

Un écran de fumée qui pourrait, au final, servir l’exécutif, selon La République des Pyrénées :

« L’exaltation ambiante autour des agissements d’un conseiller élyséen qui se prenait pour un policier présente finalement l’avantage pour Emmanuel Macron et son gouvernement, au coeur de l’été, de détourner l’attention des nuages qui se profilent à la rentrée sur la situation économique du pays. »