Sur une exploitation agricole d’Eikenhof, près de Johannesburg, en Afrique du Sud, en juin 2018. / Siphiwe Sibeko / REUTERS

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a annoncé que son parti allait chercher à modifier la Constitution pour accélérer l’expropriation sans compensation des terres arables et leur redistribution en faveur de la majorité noire et pauvre du pays.

Le Congrès national africain (ANC) « va finaliser, via le processus parlementaire, une proposition d’amendement à la Constitution qui décrit de façon plus claire les conditions dans lesquelles l’expropriation des terres sans dédommagement peut être effectuée », a-t-il déclaré dans une allocution télévisée, mardi 31 juillet au soir, ajoutant que ce changement pourrait « débloquer la croissance économique ».

« Il est devenu évident que notre peuple veut que la Constitution soit plus explicite à propos de l’expropriation des terres sans dédommagement », a affirmé le président.

Une grande partie des terres les plus productives d’Afrique du Sud appartient toujours aux fermiers blancs, qui contrôlent 73 % des superficies arables, vingt-quatre ans après la fin de l’apartheid. Ce sont ces terres qui pourraient être saisies de force et transférées à la population noire.

« Promouvoir la réparation »

La question de savoir s’il faut les prendre sans indemniser leurs propriétaires actuels est de loin le problème qui divise le plus l’Afrique du Sud. Jusqu’à présent, le gouvernement avait poursuivi une politique de transfert des terres par consensus entre l’acheteur et le vendeur. Mais en février les législateurs ont voté en faveur de la création d’une commission chargée de réécrire la Constitution pour permettre les transferts forcés, sans compensation.

Certaines des voix critiquant cette orientation établissent des parallèles avec les réformes désastreuses menées au Zimbabwe. D’autres pointent des motivations électorales, accusant l’ANC de chercher à gagner des suffrages en vue des scrutins prévus l’année prochaine.

Mais pour M. Ramaphosa, « l’intention de cet amendement est de promouvoir la réparation, de faire progresser le développement économique et d’accroître la production agricole et la sécurité alimentaire ».

L’ANC ne dispose pas à lui seul de la majorité parlementaire des deux tiers nécessaire pour amender la Constitution. Mais il pourrait faire adopter cette réforme avec le soutien du parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF).