Foodora compte 60 salariés et travaille avec 2 000 coursiers. / Gonzalo Fuentes / REUTERS

Sortie de route pour Foodora. Dans la course sans merci que se livrent les sociétés de livraison de repas, difficile de garder le rythme. L’allemande Delivery Hero en fait l’amère expérience. A l’occasion de la publication de ses résultats semestriels, elle a ainsi annoncé, jeudi 2 août, sa décision de se retirer des marchés français, italien, néerlandais et australien. Sa filiale française Foodora est donc à vendre.

En 2016, l’entreprise belge Take Eat Easy avait déjà déclaré forfait, contrainte à l’abandon faute de carburant financier. Delivery Hero, elle, a décroché le pactole en juin 2017. En réussissant son entrée en Bourse et en profitant de l’appétit des investisseurs pour la « foodtech », elle a empoché un milliard d’euros.

Un an plus tard, Delivery Hero se vante d’une croissance de ses revenus de 60 % au premier semestre, à 357 millions d’euros. Elle a même réévalué sa prévision de chiffre d’affaires pour l’ensemble de l’année, comprise désormais entre 760 et 780 millions d’euros. Mais elle est forcée de le reconnaître : elle n’atteindra pas le point d’équilibre financier qu’elle s’était fixé pour la fin 2018 et sur l’ensemble de l’exercice 2019.

UberEats croque de belles parts de marché

C’est cette difficulté à rentabiliser le modèle qui a conduit Delivery Hero à se désengager de certaines de ses filiales. Déjà, elle était sortie du marché brésilien en cédant son activité à iFood. En France, avec Foodora, elle a été confrontée à une concurrence féroce. La britannique Deliveroo, qui avait opté pour le même modèle avec son peloton de coursiers autoentrepreneurs pour assurer la livraison, fait la course en tête et redouble d’agressivité.

Elle vient d’ouvrir des cuisines mises à disposition de restaurateurs et propose d’ouvrir sa plate-forme à des restaurants disposant de leurs propres livreurs. Une manière de concurrencer le pionnier français AlloResto, racheté par le britannique Just Eat, et qui porte maintenant le nom de son propriétaire.

Dans cette bagarre, UberEats, le service proposé par le concurrent des taxis, l’américain Uber, croque aussi de belles parts de marché. D’autant qu’il a signé un partenariat avec McDonald’s. L’horizon de la rentabilité s’éloignant, Delivery Hero a donc préféré arrêter la course en France, sous le dossard de Foodora, qui compte 60 salariés et travaille avec 2000 coursiers.

Toutefois, l’allemand ne quitte pas totalement l’Hexagone. Moyennant un ticket de 51 millions d’euros, il a pris une participation dans Glovo, une plate-forme espagnole de livraisons à large spectre, bien au-delà de la restauration. Une entreprise présente entre autres en Espagne, en Italie et en France.