Andry Rajoelina à Antananarivo le 1er août 2018, à l’issue du meeting où il a annoncé sa candidature à la présidentielle prévue en fin d’année à Madagascar. / RIJASOLO / AFP

Andry Rajoelina est, depuis le 1er août, officiellement candidat à l’élection présidentielle malgache, dont le premier tour a été fixé au 7 novembre. Dans un entretien accordé à plusieurs titres de la presse internationale dont Le Monde Afrique, l’ancien maire d’Antananarivo, qui fut président de la transition de 2009 à 2013, s’efforce de démonter qu’il a « changé ». Il entend bien succéder à l’actuel chef de l’Etat, Hery Rajaonarimampianina, qui fut son ministre des finances avant de s’émanciper de sa tutelle.

Quelle sera votre première mesure si vous êtes élu ?

A Madagascar, c’est le marasme économique. Il y a beaucoup d’insécurité, la corruption est généralisée, le chômage est élevé avec beaucoup de jeunes qui ne trouvent pas d’emploi. Il faut prendre des mesures prioritaires dans tous ces domaines. C’est pour cela que j’ai mis en place l’Initiative pour l’émergence de Madagascar [IEM], une plateforme rassemblant experts nationaux et internationaux pour apporter des solutions concrètes à chacun des problèmes qui empêchent le développement de Madagascar. Tout est prioritaire dans le pays actuellement.

Beaucoup de vos amis politiques vous ont trahi. Qui reste à vos côtés ?

La vie m’a beaucoup appris : j’ai appris à être trahi, et c’est pour cette raison que j’ai changé. J’ai changé car je veux surtout le bien du peuple malgache. Si je pense aux politiciens et à tous ceux qui m’ont trahi, je ne referai jamais de politique. Je suis allé à la rencontre de la population avant d’annoncer ma candidature. Quand j’ai entendu les cris de détresse et de désespoir, je me suis dit “il faut faire quelque chose pour le pays”. Et c’est pour cette raison que je sacrifie ma vie de famille : pour le peuple malgache.

Pourquoi n’avez-vous pas cité le nom de vos adversaires durant votre dernier meeting à Antananarivo ?

Ce qui est important pour moi, c’est l’avenir. Le président, pour moi, fait partie du passé. On l’a élu il y a quatre ans et demi, et maintenant c’est au peuple de choisir qui sera à la tête de l’Etat pour les cinq prochaines années. Je reviens pour le peuple. Je ne viens pas pour régler des comptes, mais pour donner de l’espoir aux Malgaches.

Que répondez-vous à ceux qui vous accusent d’avoir commis un coup d’Etat en 2009 ?

En 2009, c’était un soulèvement populaire. Pas un coup d’Etat. Il faut rappeler l’histoire : Marc Ravalomanana a démissionné sous la pression populaire. La Haute Cour constitutionnelle [HCC] a validé le fait qu’il ait transmis le pouvoir aux militaires, qui me l’ont transmis ensuite. Donc ce n’était pas un coup d’Etat. C’était une révolution actée et validée par la HCC. La communication aujourd’hui est déviée, mais je n’ai jamais fait de coup d’Etat de ma vie.