La dirigeante britannique est la première hôte de marque accueillie par le chef de l’Etat au fort de Brégançon (Var) depuis le début de son mandat. / BERTRAND LANGLOIS / AFP

L’ambiance s’annonce décontractée, mais la discussion sérieuse : Emmanuel Macron reçoit vendredi sur la Côte d’Azur Theresa May pour s’entretenir des négociations sur le Brexit, qui patinent à l’approche du divorce entre Londres et l’Union européenne.

La dirigeante britannique est la première hôte de marque accueillie par le chef de l’Etat au fort de Brégançon (Var).

Résidence présidentielle depuis cinquante ans, Brégançon a jusqu’à présent peu été utilisé à cet effet, à l’exception des réceptions du chancelier allemand Helmut Kohl par François Mitterrand en 1985 ou du président algérien Abdelaziz Bouteflika par Jacques Chirac en 2004.

La rencontre débutera vers 18 h 15 par une réunion de travail entre les deux dirigeants, qui retrouveront ensuite leur conjoint respectif, Brigitte Macron et Philip May, pour un dîner « amical » à quatre avec vue sur les eaux turquoise de la Méditerranée.

La première ministre britannique, de retour de ses vacances en Italie, va expliquer à Emmanuel Macron « la position de Londres dans les négociations sur le Brexit et sur l’avenir des relations avec l’UE », précise l’Elysée.

Il n’y aura pas d’annonce à l’issue de l’entretien, car « il ne s’agit pas pour Paris de se substituer au processus piloté par Michel Barnier », chargé par l’Union européenne de discuter avec Londres, souligne la présidence.

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Ces négociations ont peu progressé ces dernières semaines alors que Londres et Bruxelles sont censés parvenir à un accord d’ici au sommet européen d’octobre pour organiser leur divorce, programmé pour la nuit du 29 au 30 mars 2019.

« Vrai risque d’un Brexit sans accord »

« Nous sommes déjà d’accord sur 80 % de l’accord de retrait », a souligné Michel Barnier dans une tribune publiée jeudi par Le Figaro. Mais « nous devons encore trouver un accord sur des points importants », a-t-il précisé, en citant en particulier l’épineuse question de la frontière entre l’Irlande du Nord, concernée par le Brexit et l’Irlande, membre de l’UE.

Avant la reprise des négociations prévue fin août, Londres a lancé une offensive diplomatique pour plaider sa cause auprès des grandes capitales européennes. Sont ainsi venus à Paris cette semaine les nouveaux ministres des affaires étrangères, Jeremy Hunt, et du Brexit, Dominic Raab, nommés début juillet à la suite des démissions fracassantes de Boris Johnson et David Davis, deux partisans d’un Brexit « dur ».

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A Paris, M. Hunt s’est déclaré, lundi, « préoccupé » par le « vrai risque d’un Brexit sans accord ».

La France est perçue au Royaume-Uni comme l’un des principaux obstacles à un assouplissement de la position de l’UE dans les négociations, ce que dément Paris. « L’absence d’un accord sur le retrait n’est pas un scénario que nous, comme nos partenaires, souhaitons », souligne l’Elysée.

Après Theresa May, Emmanuel Macron pourrait convier d’autres invités de marque au fort de Brégançon, dont il veut faire un lieu de rencontres diplomatiques dans un cadre plus informel qu’à l’Elysée.