LES CHOIX DE LA MATINALE

Cette semaine, La Matinale vous emmène sur les routes : à vélo, avec un documentaire sur les pouvoirs de ce mode de transport ; en pleine nature, où l’on apprend à vivre avec style ; au côté des start-ups africaines ou de jeunes femmes iraniennes qui évoquent sans fard la vie à Téhéran aujourd’hui.

« Fixie », un deux-roues pas comme les autres

Le « fixie » n’est pas un simple vélo, il symbolise une ­philosophie de vie. / RESISTANCE FILMS

Lorsqu’on les voit enfourcher leur machine en carbone ou en aluminium, on comprend mieux pourquoi certains assurent que leur vélo est « une extension » d’eux-mêmes. Coursiers ou amateurs de bicyclette, ils ont fait le choix de rouler avec un deux-roues à pignon fixe – un « fixie » pour les initiés – qui ne comporte ni frein ni câble. A New York, Copenhague, Paris ou Berlin, ces coursiers et autres cyclistes qui ne ressemblent en rien à des coureurs du Tour de France ont apprivoisé – avec habileté et beaucoup de folie – le bitume des grandes villes. Pour eux, le « fixie » n’est pas un simple objet, il symbolise une ­philosophie de vie, celle qui va à l’essentiel.

Circuler avec ce vélo à la ligne épurée – qui nécessite très peu de réparations – n’est pas anodin : il signifie que vous appartenez à une communauté où le superflu et l’argent n’ont pas leur place. Cette websérie documentaire d’Arte en dix épisodes s’attelle à montrer à quel point le vélo est en réalité un engin révolutionnaire. Economique, écologique, il reste certainement le moyen de locomotion le plus utile en milieu urbain. Mais, paradoxalement, il est sous-utilisé. Soignée et bien filmée, En selle ! est un manifeste pour que le deux-roues reprenne une place centrale dans les villes. Mustapha Kessous

En selle !, de Marc-Aurèle Vecchione (France, 2018, 10 × 6 min). Disponible sur Arte.tv

Apprendre à cuisiner en pleine nature

Cuisine Sauvage : Marais poitevin avec Sang-Hoon Degeimbre (17/07/2014) - Bande-annonce
Durée : 00:40

Oubliez les shows culinaires nichés dans un confort haute technologie. Dans Cuisine sauvage, l’art de la table se retrouve dans son plus simple appareil. John C. apprend aux chefs à trouver de quoi se nourrir en pleine nature. Pour cet épisode, le jeune homme sort le chef étoilé Sang Hoon Degeimbre de ses fourneaux, et l’emmène dans le Marais poitevin. Pendant trois jours, John va initier le cuisinier belge à la vie sauvage, avec pour objectif de conclure l’échappée par un repas digne des deux étoiles de son restaurant wallon.

Avant de partir pour cette aventure, Sang Hoon Degeimbre peut emporter avec lui trois ingrédients et trois ustensiles. Il choisit du kimchi (choux fermenté et pimenté), du jang (pâte de soja fermentée), du beurre, de la ficelle, un briquet et deux couteaux pour le prix d’un. Les voilà tous deux en compagnie de mère nature, entre les méandres humides du Poitevin, sur une barque qui leur servira à la fois de moyen de transport et de toit. John initie le chef à l’art du bivouac et des chambrées naturelles, tandis que Sang Hoon transmet au trappeur ses techniques culinaires. Ce partage de savoir-faire participe à la générosité de cette série documentaire sans prétention mais délicieuse et instructive. Camille Langlade

Cuisine sauvage, de Laurent Sardi (Fr., 2014, 50 min). Sur France.tv.

L’Afrique connectée

Le continent africain est souvent associé à des images de guerres, de famines ou d’épidémies. A l’opposé de cette vision, le documentaire L’Afrique, terre promise du numérique propose un voyage au cœur du secteur high-tech africain, dont l’essor ne peut être contesté, comme le prouve le développement du mobile banking. Au sud du Sahara, 12 % de la population gèrent leur compte bancaire avec leur téléphone portable contre 2 % dans le reste du monde.

Tourné au Kenya, au Rwanda et au Ghana, trois pays anglophones dans lesquels on trouve souvent du Wi-Fi dans les bus, ce film allemand montre une jeunesse africaine bouillonnante d’idées, soucieuse de son environnement et prête à se retrousser les manches en martelant « Do it yourself ! » (« fais-le toi-même »). « On ne veut pas être seulement des consommateurs de technologie, mais aussi des producteurs », explique un créateur de start-up dans ce documentaire qui présente une douzaine d’innovations. Pierre Lepidi

L’Afrique, terre promise du numérique, de Stefanie Fleischmann et Elke Sasse (All., 2018, 55 min). Sur Arte.tv jusqu’au 29 août.

Confidences d’Iraniennes

[TEASER] Selfiraniennes
Durée : 01:01

La caméra en mode « selfie », onze Iraniennes se confient, non sans courage. Car bien que l’étau se soit un peu desserré, parler ouvertement de son corps, d’amour et de sexualité est loin d’être aisé à Téhéran. Qui plus est, sans voile, comme certaines ont choisi de le faire dans ce webdocumentaire. Afin de leur éviter le sort de Maedeh Hojabri, cette gymnaste arrêtée puis libérée sous caution en juillet après avoir posté sur Instagram une vidéo sur laquelle elle dansait, la websérie est géobloquée et les jeunes femmes ont un pseudonyme.

Agées de 22 à 32 ans, célibataires ou mariées, étudiantes ou dans la vie active, elles parlent des diktats de la beauté, qui poussent nombre d’Iraniennes à recourir à la chirurgie esthétique, ou de la liberté, thème qui parcourt l’ensemble des six épisodes. Pleines d’humour, d’autodérision, de frustration et parfois de colère, elles racontent leur vécu dans un pays où il leur faut user de ruse et de stratégie pour contourner les interdits, faire la fête, danser, boire, aimer et désirer. Christine Rousseau

Selfiraniennes, de Ségolène Davin et Charlie Dupiot (6 × 6 min). Sur France.tv.