Le ministre des affaires étrangères saoudien, Adel al-Jubeir, lors d’une conférence de presse à Pékin, en Chine, le 10 juillet. / WANG ZHAO / AFP

L’Arabie saoudite a annoncé lundi 6 août qu’elle avait décidé d’expulser l’ambassadeur du Canada à Riyad et de rappeler son propre ambassadeur à Ottawa après une « ingérence » commise, selon elle, par le Canada dans ses affaires intérieures. Les mesures décidées comprennent également le gel des relations commerciales avec le Canada.

Elles interviennent à la suite d’un appel de l’ambassade du Canada à la libération immédiate de militants des droits de l’homme emprisonnés dans le royaume. Celui-ci « n’acceptera d’aucun pays (...) des diktats imposés », a déclaré le ministère des affaires étrangères saoudien sur Twitter.

Le diplomate canadien dispose de 24 heures pour quitter le pays.

Nouvelle vague d’arrestations

L’ambassade canadienne s’était dite « gravement préoccupée » par une nouvelle vague d’arrestations de militants des droits de l’homme en Arabie saoudite.

« Nous appelons les autorités saoudiennes à les libérer immédiatement ainsi que tous les autres activistes pacifiques des #droitsdel’homme », avait déclaré la représentation diplomatique vendredi dans un communiqué publié en anglais et en arabe sur Twitter.

Le ministère des affaires étrangères saoudien a exprimé sa réprobation concernant la formulation de ce texte : « Il est très regrettable que les mots libération immédiate figurent dans le communiqué canadien. C’est inacceptable dans les relations entre deux pays. »

Samar Badaoui, une militante de l’égalité entre hommes et femmes, a été arrêtée la semaine dernière avec sa collègue Nassima Al-Sadah. Samar Badawi est la récipiendaire du Prix international du courage féminin 2012 décerné par le département d’Etat américain.

Deux femmes militantes

Elle a fait campagne pour la libération de son frère, Raef Badawi, un blogueur dissident, et de Walid Abou Al-Khair, son ancien mari. Ensaf Haidar, la femme de Raif Badawi, est par ailleurs récemment devenue une citoyenne canadienne.

Comme Mme Badawi, Nassima Al-Sadah est une opposante de longue date au système de tutelle de l’Arabie saoudite, qui met la femme sous l’autorité de l’homme quand il s’agit d’étudier, de voyager ou de se marier.

Elles sont « les plus récentes victimes d’une campagne de répression sans précédent du gouvernement » saoudien, avait déclaré mercredi l’association de défense des droits de l’homme Human Rights Watch.

Ces arrestations sont intervenues quelques semaines après celles d’une dizaine de militantes des droits des femmes qui ont été accusées de porter atteinte à la sécurité nationale et de collaborer avec les ennemis de l’Etat. Certaines ont été relâchées depuis.