Simone Gbagbo, en 2011. / JOE PENNEY / REUTERS

Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé lundi 6 août l’amnistie d’« environ 800 personnes », dont Simone Gbagbo, épouse de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo, actuellement emprisonnée, pour favoriser la réconciliation nationale. Elle sera « libérée prochainement », a déclaré le dirigeant dans une allocution télévisée, à la veille de la fête de l’indépendance.

« J’ai procédé ce lundi à la signature d’une ordonnance d’amnistie qui bénéficiera à environ 800 concitoyens poursuivis ou condamnés pour des infractions en lien avec la crise post-électorale de 2010 ou des infractions contre la sûreté de l’Etat commises après le 21 mai 2011 » (date de la prise effective de pouvoir de M. Ouattara), a déclaré le président sur la télévision nationale, à la veille de la fête de l’Indépendance.

« Environ 500 sont déjà en liberté provisoire ou en exil, et verront leurs condamnations pénales effacées. Il sera mis fin aux poursuites » contre eux. « Il en sera de même pour les 300 autres personnes détenues qui seront libérées prochainement », a annoncé M. Ouattara, sans donner de date précise.

L’ex-première dame est emprisonnée depuis 2015, après une condamnation par la justice ivoirienne à vingt ans de réclusion pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » lors de la crise ayant frappé le pays après le refus de l’ex-président Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010.

Des poursuites pour « crime contre l’humanité »

Un autre procès vise encore l’ex-première dame, poursuivit pour « crime contre l’humanité » et de « crime de guerre ». Le 28 mars 2017, Simone Gbagbo avait été acquittée de ces chefs d’accusation par la majorité des jurés de la cour d’assises d’Abidjan – le procureur général avait requis la prison à vie à son encontre – mais la Cour suprême de Côte d’Ivoire a cassé ce jugement à la fin du mois de juillet.

Elle était jugée pour son implication présumée dans des tirs d’obus sur le marché d’Abobo, un quartier d’Abidjan favorable à Alassane Ouattara – rival de Laurent Gbagbo à la présidentielle de 2010 et actuel président de la Côte d’Ivoire - et pour sa participation présumée à une cellule qui organisait des attaques menées par des milices et des militaires proches du régime.

Simone Gbagbo n’avait pas été libérée après son acquittement, car elle purgeait déjà, et purge encore, une peine de 20 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » prononcée en 2015.

Laurent Gbagbo est quant à lui à la Haye depuis 2011 au centre de détention de la Cour pénale internationale où se déroule depuis 2016 son procès pour crimes contre l’humanité, pour des faits remontant à la crise de 2010-2011, qui a fait 3 000 morts.

La question de la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire, après la décennie de crise politico-militaire des années 2000, était considérée jusqu’à présent par les observateurs comme un point noir du bilan d’Alassane Ouattara.