Embers smoulder along a hillside after the Ranch Fire, part of the Mendocino Complex Fire, burned though the area near Clearlake Oaks, California, on August 5, 2018. Several thousand people have been evacuated as various fires swept across the state, although some have been given permission in recent days to return to their homes. / AFP / NOAH BERGER / NOAH BERGER / AFP

Alors que l’Europe est confrontée depuis plusieurs jours à une canicule provoquant notamment de nombreux incendies, des scientifiques internationaux ont lancé une alerte lundi 6 août dans un rapport publié par la revue Proceedings of the national academy of sciences (PNAS).

Si les calottes polaires continuent de fondre, les forêts d’être décimées et les émissions de gaz à effet de serre de battre chaque année des records, la Terre pourrait devenir une « étuve », selon les conclusions de scientifiques de l’université de Copenhague, de l’université nationale australienne et de l’institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique en Allemagne.

Selon eux, « dans quelques décennies », la Terre sera confrontée à « une température de 4 à 5 degrés Celsius plus élevée qu’à la période préindustrielle et un niveau de la mer 10 à 60 mètres plus haut qu’aujourd’hui ». Les rivières déborderaient, les ouragans feraient des ravages sur les côtes et les récifs de corail disparaîtraient, le tout avant la fin de ce siècle, voire plus tôt.

« Des endroits sur Terre deviendront inhabitables si la “Terre étuve” devient une réalité », prévient Johan Rockström, directeur du Stockholm resilience centre. Pour ces chercheurs, le point de rupture pourrait être atteint lorsque la température de la Terre sera supérieure de 2 degrés à celle de l’ère préindustrielle. Elle l’est déjà d’un degré et continue d’augmenter à un rythme de 0,17 degré par décennie.

Effet domino

« Un réchauffement de 2 degrés pourrait activer d’importants éléments de rupture, augmentant ainsi encore davantage la température, ce qui pourrait activer d’autres éléments de rupture par un effet domino qui pourrait entraîner la Terre vers des températures encore plus élevées », alerte le rapport. Déterminer qu’une hausse de 2 degrés est un point de non-retour « est nouveau », selon Martin Siegert, codirecteur du Grantham research institute on climate change de Londres, qui n’était pas impliqué dans l’étude.

Les experts s’inquiètent également de phénomènes comme les feux de forêt qui se multiplieront à mesure que la planète se réchauffe et s’assèche. C’est notamment le cas cette année en Californie, Grèce, Espagne ou encore au Portugal.

Pour arriver à ces conclusions les chercheurs ont exploité des précédents travaux scientifiques sur les points de rupture de la Terre. Ils ont également examiné des périodes lointaines, comme l’ère du Pliocène il y a cinq millions d’années quand le niveau de CO2 dans l’atmosphère était de 400 parties par million (ppm), comme aujourd’hui. Durant la période du Crétacé (l’ère des dinosaures) il y a près de 100 millions d’années, le CO2 a même atteint 1 000 ppm en grande partie à cause de l’activité volcanique.