Le numéro deux de l’Elysée, Alexis Kohler, le 26 juillet à l’Assemblée nationale. / Francois Mori / AP

Le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, est de nouveau visé par des accusations de conflit d’intérêts après que des documents ont été révélés lundi 6 août par Mediapart. Le bras droit d’Emmanuel Macron a approuvé en 2010 et 2011 des contrats entre le port du Havre (GPHM), dont il était alors membre du conseil de surveillance, et l’armateur MSC, fondé et dirigé par des cousins de sa mère.

M. Kohler siégeait au conseil de surveillance du port du Havre de 2010 à 2012, comme représentant de l’Agence des participations de l’Etat (APE) aux côtés du maire de la ville, l’actuel premier ministre, Edouard Philippe. Lors de deux réunions, en septembre 2010 et 2011, M. Kohler a pris la parole et voté en faveur de contrats à venir entre GPMH et Terminal Normandie MSC (TNMSC), filiale française de l’armateur et acteur majeur de l’extension du port alors en cours, révèlent les documents publiés par Mediapart.

Pour Mediapart, « les procès-verbaux du conseil de GPMH ne laissent aucun doute : Alexis Kohler ne s’est jamais déporté quand MSC était concerné. Il a participé à toutes les délibérations, y compris celles concernant l’armateur italo-suisse. Une fois au moins, il a même voté une disposition, mettant en jeu de l’argent public, favorable à MSC ».

Une enquête ouverte

Le site d’information avait déjà accusé M. Kohler de conflit d’intérêts au motif qu’il avait siégé à partir de 2010 au conseil d’administration de STX France (les chantiers navals de Saint-Nazaire), dont MSC était le principal client. Il avait rejoint l’armateur après août 2016 en tant que directeur financier.

Ces révélations avaient entraîné en mai l’ouverture d’une enquête du parquet national financier pour « vérifier si les règles relatives à la mise en disponibilité des agents publics ont bien été respectées » à la suite d’une plainte déposée par l’association Anticor pour « prise illégale d’intérêt » et « trafic d’influence ».

Plusieurs ex-membres du conseil de surveillance du port du Havre ont affirmé à Mediapart « qu’ils ignoraient tout de la situation familiale d’Alexis Kohler et qu’ils sont tombés des nues quand ils ont découvert très récemment ses liens avec MSC ». Le site d’information a annoncé avoir saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) pour obtenir la déclaration d’intérêts de M. Kohler lors de sa nomination au port du Havre. Interrogé par l’AFP, l’Elysée n’a souhaité faire « aucun commentaire » compte tenu de l’enquête en cours.

« M. Kohler ne s’est jamais trouvé ou placé en position décisionnaire ou en situation de faire valoir une opinion personnelle dans les travaux internes et délibérations concernant MSC », avait répondu fin mai l’Elysée à Mediapart.