La 7e Avenue, à Manhattan (New York). / Philippe Turpin / Photononstop

Implacablement, l’étau se resserre sur Airbnb et les plates-formes de location de courte durée. Le maire de New York, Bill de Blasio, a signé, le 6 août, un arrêté municipal qui oblige la société de San Francisco à lui communiquer la liste de ses hôtes. L’arrêté – qui s’applique à tous les sites d’hébergement de courte durée – contraint les opérateurs à fournir la liste de toutes les transactions effectuées pour des logements à New York.

Tout manquement à cette obligation ou information erronée sera passible d’une amende d’au moins 1 500 dollars par mois et par logement. Ces informations vont permettre à la municipalité d’appliquer plus efficacement les textes de l’Etat de New York, qui interdisent de louer un logement pour moins de trente jours, sauf si l’hôte est présent.

L’arrêté prendra effet dans cent quatre-vingts jours. « Nous sommes déçus que le maire De Blasio ait choisi de signer ce décret soutenu par l’industrie hôtelière plutôt que de défendre la classe moyenne newyorkaise qui compte sur le partage de logement pour s’en sortir », a réagi le responsable de la réglementation d’Airbnb pour le nord-est des Etats-Unis, Josh Meltzer, cité par l’AFP. « Nous espérons collaborer avec le maire pour créer une réglementation de bon sens qui distingue enfin ces familles de quelques acteurs malfaisants », a-t-il ajouté sur Twitter.

New York n’est pas la première ville à prendre une telle initiative. San Francisco, berceau d’Airbnb, a passé un accord avec la plate-forme en mai 2017, après que l’entreprise a attaqué la cité californienne en justice. Cet accord prévoit un transfert de données similaire à celui prévu par l’arrêté signé par le maire de New York.

Lutter contre la spéculation immobilière

Plusieurs élus de la ville réclamaient cet arrêté depuis de longs mois, affirmant que l’émergence d’Airbnb avait sensiblement aggravé la crise du logement à New York. Elle avait ainsi pour effet de sortir des appartements du parc locatif ordinaire, qui n’étaient plus loués alors qu’à des visiteurs de passage, le plus souvent des touristes.

En France, le projet de loi « ELAN » (évolution du logement et aménagement numérique), qui a été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale en juin, prévoit des sanctions accrues contre les propriétaires ne respectant pas leurs obligations et de nouvelles amendes pour les plates-formes. Le loueur devra transmettre à la commune le décompte du nombre de nuitées ayant fait l’objet d’une location pendant l’année. Les amendes (de 5 000 à 10 000 euros) seront renforcées pour les loueurs qui ne respecteraient pas leurs obligations.

Avec environ soixante mille logements en location, Paris est le premier marché d’Airbnb dans le monde

Pour la première fois, la loi prévoit aussi des amendes, allant de 10 000 à 50 000 euros, visant les plates-formes, tandis qu’un plafond légal de cent vingt jours de location de la résidence principale à des fins touristiques sera instauré. Airbnb et d’autres plates-formes se sont engagées à bloquer les annonces des loueurs qui dépasseraient ce seuil à partir de décembre 2018.

Avec environ soixante mille logements en location, Paris est le premier marché d’Airbnb dans le monde. La mairie de Paris a organisé le 15 juin une rencontre avec ses homologues de Madrid, Barcelone, Lisbonne et Amsterdam, afin d’explorer des pistes pour lutter contre la spéculation immobilière, la hausse des prix et l’aggravation de la pénurie de logements dans les centres-villes.

« Notre objectif n’est pas de lutter contre ceux qui louent leur logement de façon occasionnelle en respectant la loi, mais contre ceux qui en font une industrie et assèchent le marché locatif », déclare Ian Brossat, adjoint au maire de Paris chargé du logement, qui publiera, le 6 septembre, un livre intitulé Airbnb, la ville uberisée (Ed. La ville qui brûle, 14 euros).

En Espagne, Palma de Majorque interdit depuis 1er juillet la location d’appartements particuliers aux touristes. Des mesures similaires ont été prises auparavant dans d’autres villes européennes comme Berlin ou Barcelone.