Robin Li, le fondateur du moteur de recherche chinois Baidu, à Pékin, le 16 novembre 2017. / FRED DUFOUR / AFP

Après huit ans d’absence, le retour de Google en Chine, sous la forme d’une application ou d’une version filtrée de son moteur de recherche, semble se profiler. Et si ni l’entreprise américaine ni Pékin n’ont confirmé ces informations, le comité d’accueil se met déjà en place.

Les toutes premières paroles de bienvenue, mi-figue mi-raisin, proviennent d’un de ses concurrents potentiels, Robin Li, fondateur de Baidu, le moteur de recherche le plus utilisé dans la deuxième économie mondiale. Sur son compte WeChat, mardi 7 août, il a eu cette phrase, telles ces paroles de défi lancées par les boxeurs à la pesée : « Si Google revient sur le marché, nous vaincrons encore une fois avec de vraies armes. » M. Li a eu recours à une expression utilisée couramment par les amateurs de jeux vidéo : « PK » (player killer). On a connu des mots d’accueil plus chaleureux…

Mais le fondateur de Baidu a surtout expliqué – dans un message destiné originellement à ses amis qui a été ensuite diffusé sur les sites chinois – qu’aujourd’hui le marché avait considérablement évolué et que les entreprises technologiques de l’empire du Milieu n’avaient rien à craindre de leurs concurrentes américaines, car elles se trouvent à la pointe dans le domaine de l’innovation et des services rendus aux utilisateurs : « Le Baidu d’aujourd’hui est déjà une entreprise avec une force d’influence puissante et mondiale dans le domaine de l’intelligence artificielle. » Il a également souligné que le géant chinois avait développé de nombreux partenariats avec des étrangers, dont Google.

La bataille va commencer

Robin Li réagissait à un Tweet en anglais – vite effacé pour des raisons inconnues – de l’organe du Parti communiste chinois (PCC), Le Quotidien du peuple, lequel soulignait que Google était le bienvenu dans la mesure où il respectait les lois chinoises. Sous le règne de Xi Jinping, numéro un du PCC depuis 2012, les autorités ont considérablement renforcé leur contrôle sur les contenus diffusés sur le Net au nom du développement d’un Internet « sain » et conforme aux « valeurs spirituelles socialistes ».

Présent en Chine depuis 2006, malgré les critiques des organisations de défense des droits de l’homme et de certains de ses actionnaires, Google s’était retiré quatre ans plus tard, à la suite du piratage de comptes Gmail de dissidents. Il avait également expliqué ne plus vouloir appliquer les règles de censure imposées par les autorités. La décision de la firme de Mountain View avait été soutenue par le gouvernement américain. La secrétaire d’Etat de l’époque, Hillary Clinton, avait fait de la liberté d’Internet un thème important de sa politique étrangère.

Mais depuis plusieurs mois, certains indices laissaient entrevoir un retour. En décembre 2017, Google a annoncé l’ouverture d’un laboratoire consacré à l’intelligence artificielle à Pékin, et en juin un investissement de 550 millions de dollars (474 millions d’euros) dans JDD. com, une plate-forme de commerce électronique concurrente d’Alibaba. Il se pourrait que le retour se fasse en passant par une alliance avec le grand concurrent de ce dernier, Tencent. La bataille va pouvoir commencer.