Après le trou d’air des six premiers mois de l’année, la Banque de France (BdF) a tablé mercredi 8 août sur une légère reprise de la croissance au troisième trimestre, toutefois insuffisante pour atteindre les objectifs du gouvernement.

« Le produit intérieur brut [PIB] progresserait de 0,4 % au troisième trimestre 2018 », après 0,2 % au premier et au deuxième trimestre, a indiqué la BdF dans son point de conjoncture de fin juillet.

Après le coup de mou du premier semestre, le ministre des comptes publics, Gérald Darmanin, avait abaissé la semaine dernière la prévision de croissance du gouvernement, qui tablait jusqu’alors sur 2 % cette année, en estimant qu’elle ne serait « pas inférieure » à 1,8 %.

L’activité économique a été pénalisée en début d’année par une consommation en baisse, affectée par la hausse du prix du pétrole et des mesures fiscales, comme la hausse de la CSG et des taxes sur les carburants.

Le gouverneur de la BdF, François Villeroy de Galhau, avait estimé à la mi-juillet que le « trou d’air » du début d’année était « derrière nous ». Mais si le 0,4 % se confirme au troisième trimestre, le rebond pourrait s’avérer insuffisant pour atteindre le nouvel objectif gouvernemental.

« Ralentissement général »

« Avec cette prévision, il faudrait 1,3 % au quatrième trimestre pour atteindre 1,8 %, soit un taux que l’on ne connaît pas depuis des décennies », a expliqué Philippe Waechter, économiste chez Ostrum AM. Il table plutôt sur une croissance annuelle située entre 1,5 % et 1,6 %, compte tenu de la dégradation de « l’environnement international ».

« Le ralentissement français n’est pas seulement français : il est général », a estimé Charles de Courson (UDI), qui siège à la commission des finances de l’Assemblée nationale. Outre les hausses du pétrole, des taux d’intérêt et de l’euro, il faut désormais compter avec « la politique de Trump en matière de commerce international et le Brexit », a-t-il indiqué à l’AFP.

Selon l’Insee, l’« acquis de croissance » pour l’année en cours − c’est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait si l’activité stagnait d’ici la fin de l’année − est de 1,3 %. L’organisme public prévoit 1,7 % de croissance pour l’ensemble de l’année. La Banque de France se montre plus optimiste, avec une prévision de 1,8 %.

Cette croissance moins forte que prévu pourrait avoir des répercussions sur un autre objectif du gouvernement : celui de réduire à 2,3 % du PIB le déficit public cette année. Gérald Darmanin a confirmé il y a une semaine cet objectif, pourtant jugé optimiste par la Banque de France, qui anticipe de son côté un déficit à 2,5 %.

Pour Charles de Courson, le gouvernement n’a pas le choix : « Il y a un ralentissement économique, il y aura donc une moindre croissance. Il faut donc renforcer une politique d’économies pour tenir les déficits. »

Pour l’instant, le gouvernement n’a pas donné de pistes sur les économies qu’il pourrait annoncer à la rentrée pour tenir son engagement auprès de Bruxelles de poursuivre la réduction de la dépense publique.

Rebond du chômage

Même si le gouvernement avait élaboré son budget 2018 sur une base de 1,7 % de croissance, Charles de Courson estime que les économies nécessaires pour atteindre 2,3 % de déficit seraient « de l’ordre d’un milliard d’euros ».

« Ce sera probablement un peu plus », juge Philippe Waechter, qui craint que trop d’économies ne finissent par ralentir la croissance en fin d’année, alors qu’un rebond de la consommation est attendu avec la première réduction de la taxe d’habitation, en vue de sa suppression d’ici à 2022 pour 80 % des Français. En octobre interviendra également la deuxième phase de la suppression des cotisations salariales.

Il n’empêche que les indicateurs économiques de l’été ne sont pas très encourageants pour l’économie française. Outre le ralentissement de la croissance, le déficit commercial s’est encore aggravé en juillet, à 6,2 milliards d’euros, et le chômage a légèrement rebondi au cours du deuxième trimestre.