L’avis du « Monde » - A ne pas manquer

Detective Dee : la légende des rois célestes est le troisième volet d’une série de films réalisés par le Hongkongais Tsui Hark, mettant en scène un policier, expert en déduction et en arts martiaux, au service de l’impératrice Wu, sous la dynastie Tang qui régna entre le VIIe et le Xe siècle. Il s’attache, cette fois-ci, à déjouer une conjuration menaçant l’Empire et menée par des magiciens. Un dragon de feu est lâché et une épée magique est l’objet de convoitises. Alors que sa loyauté est l’objet de soupçons de la part de l’impératrice, Dee devra, au terme d’un voyage, affronter une armée d’assassins masqués ainsi que diverses créatures fantastiques.

On se souvient que le prodigieux producteur-réalisateur Tsui Hark, après une tentative d’acclimatation hollywoodienne, se plia aux nouvelles règles du cinéma chinois et se lança dans de monumentaux projets où son génie plastique se nourrissait des nouvelles technologies numériques en matière d’effets spéciaux. Ce troisième volet dépasse encore en inventivité et en trouvailles les deux précédents. La plasticité des corps et des espaces invente un univers inédit, synthèse parfaite de mythologies et de figures de tous temps et de toutes origines.

Manège étourdissant

Magiciens aux bras multiples, singe géant descendant du King Kong de Schoedsack et Cooper, créatures gigantesques venues de kaiju (films de monstres) japonais, ninjas aux boucliers-projectiles tranchants comme des guillotines volantes, tout un attirail de souvenirs de cinéma s’expose sous les yeux d’un spectateur emporté par un manège étourdissant de sons et de visions extraordinaires. Tsui Hark a eu recours aux derniers développements de la technologie HFR (High Frame Rate), qui augmente le nombre d’images par seconde, permettant une plus grande précision dans la 3D.

Ce troisième volet dépasse encore en inventivité et en trouvailles les deux précédents

Il est assez difficile de résumer, après une première vision, un film qui donne le sentiment à la fois d’une action continue et d’une mise en abyme infinie de complots et de trahisons diverses. Il n’est pas rare, en effet, qu’une conjuration en cache une autre. Long ruban narratif qui ne se soucierait pas des règles classiques du drame, Detective Dee : la légende des rois célestes semble n’être que le segment d’une histoire pouvant s’étirer davantage ou s’arrêter net au terme de n’importe quel combat homérique. Loin d’être un défaut, cette structure du récit confère au film la paradoxale caractéristique d’un inachèvement perpétuel et d’une plénitude immédiate.

Enfin, il n’est pas impossible de voir dans l’ambiguïté des liens qui unissent Dee et l’impératrice une métaphore des rapports que Tsui Hark a dû construire avec de nouvelles structures de production, qui ont rendu impossible l’expression du nihilisme qui définissait parfois son cinéma avant 1997. Dee est au service d’un pouvoir qui se défie de lui et fait des mauvais choix. Protéger l’impératrice contre elle-même, tout en reconnaissant son infaillibilité, est le défi auquel se soumet un personnage, allégorie d’un cinéaste qui compose avec les rigidités d’un système contraignant auquel il apporte la vitalité de son génie.

DETECTIVE DEE : LA LÉGENDE DES ROIS CÉLESTES - Bande-annonce officielle VOST
Durée : 01:49

Detective Dee : la légende des rois célestes, de Tsui Hark.Avec Mark Chao, Carina Lau (2 h 19). Sur le web : www.thejokersfilms.com/films/detective-dee-la-legende-des-rois-celestes, www.facebook.com/thejokersfilms/

Les sorties cinéma de la semaine (mercredi 8 août )

A l’affiche également

  • Darkest Minds : Rebellion, film américain de Jennifer Yuh Nelson
  • Neuilly sa mère, sa mère !, film français de Gabriel Julien-Laferrière et Djamel Bensalah