« La commission vous demande de vous rendre disponible pour un entretien non ouvert au public à un temps et dans un lieu à déterminer d’un commun accord. » Le message, adressé au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, est bref, et émane de la commission du renseignement du Sénat américain, qui enquête sur la campagne d’influence menée par la Russie durant la campagne présidentielle américaine de 2016. Datée du 1er août et publié sur Twitter ce 9 août par WikiLeaks, le courrier « confirme l’intérêt [de la commission du Sénat] à entendre M. Assange », a commenté son avocate Jennifer Robinson, dans un communiqué transmis à l’agence Reuters.

« Nous analysons cette offre avec une grande attention, mais nous devons obtenir la garantie que la protection de M. Assange sera assurée », poursuis Mme Robinson. Julian Assange, qui vit depuis six ans dans l’ambassade d’Equateur à Londres, où il bénéficie de l’asile politique, ne peut sortir du bâtiment sous peine d’être arrêté par la police britannique. Il s’était réfugié dans l’ambassade pour échapper à une extradition vers la Suède, où il devait être entendu pour des accusations de viol et d’agression sexuelle, qu’il nie et pour lesquels il n’a pas été mis en examen. L’enquête suédoise est en grande partie éteinte aujourd’hui, mais le Royaume-Uni maintient qu’il sera arrêté pour avoir enfreint les conditions d’une précédente libération conditionnelle s’il sort de l’ambassade.

M. Assange, qui dit craindre plus que tout une extradition vers les Etats-Unis, où il pourrait être jugé pour la publication de documents confidentiels de l’armée américaine en 2010, est également au cœur de plusieurs enquêtes sur l’influence russe aux Etats-Unis. Durant la campagne de 2016, WikiLeaks avait publié des courriels du Parti démocrate américain et de la campagne d’Hillary Clinton, transmis au site par des agents russes, selon l’enquête du procureur spécial Mueller. Julian Assange a toujours nié que la source des documents ait été russe, laissant entendre à plusieurs reprises qu’il s’agissait d’une fuite interne de la campagne Clinton.

Il est peu probable qu’une audition de M. Assange puisse se faire « en personne ». Mais une audition par visioconférence pourrait techniquement avoir lieu – WikiLeaks affirme qu’un terrain d’entente pourrait être trouvé si les conditions de l’audition « se conforment à un important standard éthique », sans préciser quelles seraient les conditions en question.