Parce qu’il n’y a pas que Neymar, Kylian Mbappé, l’OM et les Tweet de Jean-Michel Aulas, Le Monde vous présente tous les jours d’ici à la reprise du championnat (vendredi 20 h 45 avec Marseille-Toulouse) les cinq autres acteurs à suivre lors de cette nouvelle saison de Ligue 1.

Les grands joueurs ne font pas forcément de grands entraîneurs. Diego Maradona est la caricature de cet adage. Lothar Matthäus se pose là aussi dans le genre. Mais lorsque l’on est champion du monde, on se voit plus facilement offrir une chance d’entrer dans la carrière. D’accord, New York City FC n’a rien du Real Madrid, cela tombe bien puisque Patrick Vieira, sans lui faire offense, n’est pas non plus Zinédine Zidane. N’empêche qu’à 42 ans, après deux ans passés à diriger la réserve de Manchester City et deux ans en Major League Soccer (MLS), le championnat nord-américain, il s’apprête à débuter en Ligue 1 sur le banc de Nice, samedi 11 août contre Reims, vingt-trois ans après avoir quitté la France.

Malgré plus de cent sélections sous le maillot bleu, dont une bonne partie avec le brassard de capitaine entre 2004 et 2009, Patrick Vieira n’a évolué que deux saisons dans le championnat français, à l’AS Cannes de Luis Fernandez. A l’époque, le longiligne milieu de terrain d’1, 93 m n’a même pas vingt ans lorsqu’il s’exile en Italie au Milan AC en 1995 pour renflouer les comptes de son club formateur. Trop tendre, c’est finalement Arsène Wenger qui le récupère et endosse le rôle de mentor.

Il met Pirlo sur le banc

En neuf saisons à Londres, le Français deviendra le capitaine et une légende des Gunners avec trois titres de champion et trois coupes d’Angleterre. Surnommé « la pieuvre », « Patrick le long » ou encore « la grande saucisse » – par le Sun il est vrai – personne n’a oublié ses affrontements mythiques avec l’Irlandais de Manchester United, Roy Keane. Après Arsenal, il connaîtra encore trois clubs prestigieux : la Juventus, l’Inter Milan et Manchester City pour sa dernière saison professionnelle en 2010-2011.

En pleine croissance, le club mancunien, sous pavillon émirati, se charge de sa reconversion. D’abord ambassadeur, un poste qui tient souvent de la retraite dorée, il devient responsable du développement en Angleterre et à l’étranger. Mais il ne se satisfait pas de ses postes éloignés du terrain. L’oisiveté n’est pas pour lui. En 2013, Vieira est nommé entraîneur de la réserve, de quoi faire ses preuves tranquillement. Le 1er janvier 2016, il se lance pour son premier poste de coach principal au sein de la toute jeune franchise de New York City FC, sorte de filiale de City, qui appartient au même fond d’investissement.

Patrick Vieira sous le maillot de l’AS Cannes contre le PSG en 1995. / GERARD JULIEN / AFP

Aux Etats-Unis, le Français dirige de grands joueurs en préretraite, croisés durant sa carrière : David Villa, Frank Lampard ou encore Andrea Pirlo. En deux saisons plutôt réussies, il mène à chaque fois son équipe en demi-finale de conférence, sans parvenir à franchir cette marche. Objet d’un certain scepticisme en MLS, où les entraîneurs européens n’ont jamais vraiment brillé, Vieira impressionne par son pragmatisme. Il n’hésite pas à s’appuyer sur le directeur sportif, Claudio Reyna, fin connaisseur du championnat local.

La deuxième saison, il sort même l’icône Pirlo, un peu vieillissante, du onze titulaire. Dans un article du Guardian, le journaliste Kristan Heneage, spécialiste de la MLS, salue le travail du jeune entraîneur au moment de l’annonce de son départ : « Vieira quitte New York après avoir amélioré sa réputation et aussi celle de la Ligue qu’il laisse derrière lui. »

Interdiction de balancer le ballon

Orphelins de Lucien Favre, l’excellent entraîneur suisse recruté par le Borussia Dortmund, les supporteurs de l’OGC Nice ont a priori des raisons de s’inquiéter de la transition. Laissons Damien Perrinelle, joueur des New York Red Bulls, club rival des New York City FC, les rassurer. « Vous allez découvrir un jeune coach ambitieux, du moins au niveau du jeu. Il a un schéma tactique préférentiel en 4-3-3, ou plus un 4-1-4-1, avec une animation offensive super intéressante à regarder. C’est l’école Guardiola, on voit beaucoup de similitudes dans les schémas de jeu qu’ils recherchent, racontait-il au micro de RMC. Les joueurs ont interdiction de balancer quasiment. Ça joue même presque à outrance parfois. Il ne va pas falloir que les défenseurs niçois aient les pieds gelés, sinon ça va être compliqué. »

Huitième la saison dernière, malgré un début de saison difficile, son nouveau club doit encore une fois reconstruire avec les départs de ses meilleurs éléments : Alassane Pléa, Jean Michaël Seri en attendant celui de Mario Balotelli. Dans un entretien à Nice-Matin, Patrick Vieira applique la méthode Coué : « C’était des mouvements prévus, je ne suis pas surpris. Ce sont des joueurs très importants qui avaient une grosse influence dans les performances sportives de l’équipe l’an passé. Il faut qu’on les remplace. »

A Nice, où le président, Jean-Pierre Rivère, ne manque pas de flair et d’audace, il trouve le cadre idéal pour continuer sa progression. Et il compte bien prolonger le renouveau niçois, entamé sous Claude Puel et prolongé par Lucien Favre : « Le résultat, c’est à la fin qu’on le voit. Il y a des processus à suivre avant le résultat. Faire jouer les joueurs à leur maximum, créer une équipe pour qu’on ait tous le même objectif, leur faire comprendre ce que j’attends sur le plan tactique… Si tous ces ingrédients sont réunis, le résultat viendra de lui-même. » Sa crédibilité d’entraîneur en dépend aussi.