Tariq Ramadan le 26 mars 2016. / MEHDI FEDOUACH / AFP

Nouveau camouflet pour Tariq Ramadan. La cour d’appel de Paris a confirmé, mercredi 8 août, le rejet d’une deuxième demande de mise en liberté de l’intellectuel musulman, en détention provisoire depuis six mois pour des accusations de viols qu’il conteste vigoureusement, selon une source judiciaire ainsi que son avocat.

Tariq Ramadan, 55 ans, est incarcéré depuis sa mise en examen le 2 février pour le viol présumé de deux femmes, dont les accusations ont fait chuter cette figure populaire et controversée de l’islam en Europe.

Après le rejet en mai d’une première requête, sa défense avait déposé cette nouvelle demande le 19 juillet, dans la foulée d’une confrontation avec sa première accusatrice, Henda Ayari, dont le témoignage sur le lieu et la date du viol présumé a été mis à mal par les investigations.

A l’appui de sa demande, la défense de Tariq Ramadan avait invoqué de nouveau son état de santé – il souffre d’une sclérose en plaques dont le traitement a été jugé compatible avec son incarcération à Fresnes (Val-de-Marne) – et pointé du doigt les « incohérences » et « invraisemblances » des plaignantes.

La défense proposait, outre la remise de son passeport suisse et une résidence sous contrôle judiciaire en région parisienne, de verser une caution de 300 000 euros.

Report de confrontation au 18 septembre

Fin juillet, les trois juges d’instruction chargés de l’enquête puis le juge des libertés et de la détention avaient rejeté cette demande, et la défense de Tariq Ramadan avait formé un recours, examiné mercredi par la chambre de l’instruction à huis clos et en l’absence de l’intellectuel.

Pour justifier leur décision, les juges ont notamment invoqué le report au 18 septembre d’une confrontation prévue initialement le 18 juillet entre Tariq Ramadan et sa deuxième accusatrice, surnommée « Christelle », en raison de l’état de santé de cette dernière.

« Les juges ont refusé cette mise en liberté au motif de la défaillance opportune de la partie civile, qui agit délibérément pour maintenir artificiellement un motif de détention », a réagi MEmmanuel Marsigny, avocat de l’islamologue. « Rendez-vous le 18 septembre, sauf si la partie civile se dérobe encore », a-t-il poursuivi.

Plainte d’une troisième femme

Une première confrontation avait eu lieu le 1er février devant les policiers lors de la garde à vue de Tariq Ramadan. Une troisième femme, en France, a, elle aussi, porté plainte contre Tariq Ramadan pour viols. Dans ce volet, l’intellectuel est pour le moment placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté et les investigations se poursuivent.

Le théologien, qui nie toute agression, a reconnu avoir eu une relation extraconjugale avec cette dernière, ancienne escort-girl et protagoniste du procès pour proxénétisme de l’hôtel Carlton aux côtés de l’ancien directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn.

En garde à vue, l’islamologue a reconnu avoir rencontré Henda Ayari et « Christelle » en public, une seule fois chacune, mais a nié tout rapport sexuel avec elles. En Suisse, une quatrième femme a déposé plainte pour viol contre lui.