Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, le 15 juillet à Ankara. / ADEM ALTAN / AFP

La Turquie est confronté à une baisse historique de sa monnaie nationale, la livre. Elle a brutalement chuté vendredi 10 août, perdant près de 10 % de sa valeur face au dollar. La livre turque, dont la valeur a fondu de plus d’un tiers face au dollar et à l’euro depuis le début de l’année, avait déjà cédé plus de 5 % face au billet vert jeudi.

Face à cette crise, le président Recep Tayyip Erdogan a demandé à ses concitoyens de changer leurs devises étrangères pour soutenir la monnaie nationale. « Si vous avez des dollars, des euros ou de l’or sous votre oreiller, allez dans les banques pour les échanger contre des livres turques. C’est une lutte nationale », a lancé M. Erdogan lors d’un discours à Bayburt (nord-est) retransmis à la télévision, affirmant que la Turquie « ne perdra pas la guerre économique ».

« Avec l’aide de Dieu, nous allons surmonter ces catastrophes et, de plus, nous mènerons avec succès la guerre économique. »

Mais, durant son discours, la livre a accentué sa chute et a franchi le seuil de 6 livres pour un dollar, registrant ainsi une baisse de près de 10 % sur la journée.

Crise diplomatique avec les Etats-Unis

Les marchés financiers s’inquiètent notamment de la politique économique prônée par M. Erdogan alors que la banque centrale turque ne souhaite pas relever ses taux pour contrer une inflation qui a pourtant atteint près de 16 % en juillet en rythme annuel. Le ministre des finances, Berat Albayrak, qui est aussi le gendre du président turc, doit d’ailleurs présenter vendredi le « nouveau modèle économique » de la Turquie.

La Turquie est également confrontée à une crise diplomatique avec les Etats-Unis, au sujet d’un pasteur américain, Andrew Brunson, détenu par Ankara. Les autorités turques l’accusent de « terrorisme » et « d’espionnage ». Le pasteur, qui nie fermement ces accusations, a été placé en résidence surveillée fin juillet après un an et demi de détention. Et chaque pays a pris des sanctions réciproques contre des responsables gouvernementaux. La rencontre mercredi à Washington entre le numéro deux de la diplomatie américaine, John Sullivan, et le vice-ministre turc des affaires étrangères, Sedat Onal, n’a pas permis d’apaiser les tensions.