« De Nuremberg à Tokyo », de Tim B. Toidze. Disponible sur Arte.tv jusqu’au 14 août. / ARTE.TV

LES CHOIX DE LA MATINALE

Cette semaine, la tension est à tous les étages. Elle est palpable chez les combattants d’ultimate fighting, cette discipline qui mélange plusieurs arts martiaux. Elle traverse le Japon de l’après-guerre, comme le raconte un film sur le procès de Tokyo. Elle est aussi au cœur de la société française, comme l’illustre le dernier épisode de L’Angle éco, qui analyse la concentration des richesses dans notre pays.

Epargner l’empereur : le procès du Japon après la guerre

Ce film raconte le Japon à l’heure du procès de Tokyo, de la reddition aux Alliés, le 15 août 1945, au décollage de l’économie nippone, au début des années 1950. Dans un récit nourri d’archives, le réalisateur Tim B. Toidze suit les pas du grand absent de ce procès : l’empereur Hirohito. S’il dut renoncer à sa nature de « divinité à forme humaine » le 1er janvier 1946, il fut absous par les Américains. Pour le général Douglas MacArthur, gouverneur militaire du Japon, juger Hirohito aurait anéanti tout espoir de démocratiser le pays. L’empereur fut transformé en une icône sainte, ne portant aucune responsabilité morale à l’égard des atrocités commises par son armée.

Pas moins de onze juges, quatre cents témoins, avocats, procureurs et hommes de loi se réunirent pour juger vingt-huit hauts dirigeants japonais tenus responsables de la politique de conquête et de terreur menée par leur pays, de l’invasion de la Mandchourie, en 1931, à la fin de la seconde guerre mondiale. Le film relève une à une les incohérences et les contradictions de ce procès, dont l’hypocrisie des puissances organisatrices (les nations occidentales) qui étaient déterminées à démocratiser le Japon alors qu’elles avaient fait usage de la bombe atomique ou commis des crimes coloniaux. Antoine Flandrin

De Nuremberg à Tokyo, de Tim B. Toidze (Fr.-Can.-Jap., 2015, 57 min). Disponible sur Arte.tv jusqu’au 14 août.

Riche idée : « La théorie du ruissellement est une illusion »

Une brève histoire de la nouvelle fiscalité des Français les plus fortunés
Durée : 01:04

François Lenglet a quitté l’audiovisuel du service public pour TF1. Pour le dernier numéro du magazine L’Angle éco, sur France 2, le journaliste, qui a fait du décryptage de l’économie sa marque de fabrique, s’attaque à un sujet porteur : les riches. En posant une question simple (« Les riches sont-ils utiles à l’économie ? »), Lenglet propose une série de reportages plus ou moins éclairants. Jamais les milliardaires n’ont été aussi nombreux sur Terre et jamais les richesses n’ont été aussi concentrées. En France, 1 % des plus riches possèdent près de 32 % du patrimoine. En 2017, ces 1 % les plus riches ont payé 25 % de l’impôt sur le revenu du pays. Au final, c’est bien la concentration d’autant de richesses entre si peu de mains qui pose problème. « La théorie du ruissellement est une illusion, une chimère ! Au-delà d’un certain niveau de revenus, on thésaurise. Il faut arrêter l’hyperconcentration des richesses si l’on veut continuer à alimenter notre modèle social. » L’auteur de ces bonnes paroles n’est autre que Nicolas Rousselet, héritier et patron du puissant groupe G7. Alain Constant

L’Angle éco : « Les riches sont-ils utiles à l’économie ? », présenté par François Lenglet (France, 2018, 90 min). Disponible sur France.tv.

Piège à son : acte poétique d’une rare subtilité

Quel est ce son extrait "chasseur de son"
Durée : 00:36

La technique d’enregistrement se parfaisant, il est devenu possible de fixer, d’abord sur une bande puis sur un fichier numérique, les bruits et les chants naturels, ainsi que le fait par exemple le Vosgien Marc Namblard, qui pose en plein air les pièges à sons que sont ses micros et laisse la magie opérer. Ce sont autant le bruit de la neige que le brame du cerf, le son vibrionnant des insectes que le cri de la chouette hulotte. Marc Namblard capte aussi les sons émis par ses jeunes enfants, comme l’avait fait son père, dont les enregistrements familiaux résonnent de manière particulièrement émouvante : à la photo jaunie, le son préservé se substitue avec une vérité intacte. Ce singulier documentaire de cinquante-deux minutes est un acte poétique d’une rare subtilité. Renaud Machart

Chasseur de son, de Stéphane Manchematin, Serge Steyer (France, 2018, 52 min). Disponible sur France.tv jusqu’au 6 septembre.

Arts martiaux, poings armés

DANS L'OMBRE DE LA CAGE : teaser saison 2 #DLODLC
Durée : 01:05

Pas d’armure. Pas de casque. Justes des muscles et des poings durs comme l’acier. Le MMA – pour mixed martial arts ou « arts martiaux mixtes » est un phénomène mondial, synthèse entre le karaté, la boxe thaïe, le judo, la lutte et le jiu-jitsu brésilien. Une seule règle compte : être le meilleur combattant MMA du monde. Un titre qu’il faut aller chercher en cage, dans l’octogone, le ring grillagé où se dispute ce sport de combat moderne. Depuis une quinzaine d’années, cette discipline fait son show grâce à la principale organisation de compétition de combat libre : l’UFC. L’Ultimate Fighting Championship est plus qu’un championnat adulé, c’est une marque vénérée par ses fans. Chaque soirée de gala est un événement. Encore plus lorsqu’elle se déroule à Las Vegas… Mais en France, ces tournois restent interdits, alors que la pratique se développe dans les clubs. La websérie documentaire Dans l’ombre de la cage décrypte ce phénomène à travers des portraits de combattants plus ou moins réussis. Celui consacré à la professionnelle Eva Dourthe, qui est aussi militaire, vaut vraiment le détour. Mustapha Kessous

« Dans l’ombre de la cage », d’Aladine Zaïane (France, 2018, 5 x 9 min). Disponible sur YouTube et sur le site du Mouv.fr.